| Par   le Colonel BERNARD  En ce qui concerne le   	Capitaine Mercier, ce qui mérite une admiration sans réserve, c’est qu’en   	dépit des conditions particulièrement pénibles dans lesquelles il avait   	hérité son commandement, il n’ait, à aucun moment, envisagé d’interrompre sa   	mission, fut-ce pour quelques heures. Il eut, certes, la chance d’être guidé   	et soutenu par le plus expérimenté des professionnels mais il ne dut qu’à   	ses qualités propres de chef de maintenir la totalité des survivants de «   	Camélia » dans le « mouvement en avant » indispensable quand tout va mal.   	Pour estimer à leur juste valeur ce que furent la ténacité et la combativité   	de Mercier il suffit de constater que Verneuil, chef de guerre conscient de   	ses responsabilités, en fit, en pleine bataille, son Adjoint.    TROISIEME PARTIE ( suite et fin )  LA REPRESSION   	S’INTENSIFIE. MERCIER ARRETE  Après la crise de juin   	1943, notre réseau retrouva une vie plus normale mais ce calme était tout   	relatif.  Il y eut encore 13 arrestations en juillet, 5 en août, 2 en   	septembre, 6 en octobre, 6 en novembre.   Novembre est d’ailleurs   	à marquer d’une pierre noire car la fin du mois fut catastrophique.  A) Le Poste   	T.R./Jeunes de Marseille, trop   	optimiste sur son aptitude à manier des agents de pénétration, s’était fait    	"doubler" par Max de Wilde, agent 912 du S.D., qui avait réussi à livrer à   	la Gestapo marseillaise le code radio du Poste. Or ce dernier était chargé   	d’accueillir les sous-marins venus d’Alger.  Les Allemands, lisant   	les T.O. du Poste décidèrent d’intercepter la liaison prévue pour la nuit du   	26 au 27 novembre 1943. Ils comptaient bien couler le sous-marin, saisir les   	valises de courrier et capturer les 10 personnes qui devaient embarquer pour   	Alger cette nuit-là. (Parmi ces 10 personnes figurait Monique Giraud (16   	ans), fille du Général Commandant en Chef, qui devait rejoindre son père à   	Alger après l’arrestation et la déportation d’une grande partie de sa   	famille.)   Embuscade à proximité de   	la plage et baroud... dont le bilan est sévère:  — Alfasser tué.  — Le Capitaine de   	corvette Pothuau, candidat au départ capturé.  — Pierre Mortier,   	maquisard de l’équipe de protection capturé.  — L’embuscade allemande   	oblige à abandonner la liaison directe Alger côte provençale. Désormais la   	liaison maritime se fera entre Alger et la côte espagnole et sera suivie   	d’une traversée pédestre des Pyrénées.  Les deux seuls aspects   	positifs de cette aventure sont les suivants:  1) Le « Casabianca »,   	prévenu à temps du traquenard dans lequel il risquait de tomber ne s’est pas   	présenté à la plage.  2) Les Allemands ont «   	raté » la capture de Mlle Giraud qui, grâce à T.R. finira par rejoindre son   	père en Algérie via l’Espagne.     B) Le 29 novembre   	1943, le Capitaine de Bonneval,   	Chef du Poste « Rose » (Poste de Toulouse du T.R./Anciens) est arrêté en   	descendant du train à Perpignan.  Les deux cadres T.R.   	semblent avoir été reconnus dans le train et dénoncés à la Gestapo par un   	agent allemand dont le pseudo était « don Roberto » mais qui était, en   	réalité, un traître français.  C’est la troisième fois   	en deux mois que l’ex-T.R./117 devenu « Rose » perd son Chef.  L’année 1943 se termina   	fort mal pour nos quatre réseaux militaires implantés ou en cours   	d’implantation en Métropole  — Le T.R./Anciens du   	Commandant Roger Lafont.  — Le T.R./Jeunes du   	Capitaine Paul Vellaud.  — Le S.M./Précurseurs du   	Commandant Henri Navarre.  — Le Groupe Morhange de   	Marcel Taillandier.  Ces réseaux relevaient   	tous directement du Commandant Paul Paillole et faisaient partie de la   	Direction S.R./S.M. du Colonel Louis Rivet, c’est-à-dire, les anciens   	Services Spéciaux Militaires d’avant 1939.  En décembre 1943, cet   	ensemble de 4 réseaux enregistra 33 pertes (31 arrestations et 2 blessés non   	arrêtés), réparties comme suit: 
            
              
                |  | Arrestations | Blessés |  
                | T.R./Anciens | 16 | 2 |  
                | T.R./Jeunes | 6 |  |  
                | S.M./Précurseurs | 8 |  |  
                | Groupe Morhange | 1 |  |    Nous évoquerons   	uniquement les 7 arrestations concernant « Camélia »:  — 3 de ces arrestations,   	opérées en fin de mois, n’ont rien à voir avec les activités du Capitaine   	Marcel André Mercier. Ce sont des séquelles de vieilles affaires relevant de   	l’ex-T.R./112.  — 4 arrestations   	concernant directement les activités du Capitaine Mercier.  Ce sont :  - 1) les arrestations à   	Paris, le 7 décembre 1943, de 2 sous-officiers chargés de remettre au   	Capitaine de Peich certaines valises de courrier récupérées après   	l’embuscade du 27 novembre contre le sous-marin.  - 2) les arrestations, en   	gare de Roanne, le 2 décembre 1943, du Capitaine Mercier, Chef de « Camélia   	» et de l’Adjudant André Aufranc, Chef de « Cyclamen » (antenne de   	Châteauroux).   Les circonstances de ces   	arrestations ont été contées en détail par Pierre Nord dans le tome I de son   	ouvrage « Mes camarades sont morts » (pages 178 /191).  Ce récit, à la fois   	vivant et dans l’ensemble conforme à la vérité montre:  a) les imprudences des 2   	agents de liaison arrêtés le 7 décembre à Paris.  b) la différence de   	comportement entre les hommes lorsqu’ils sont maltraités par la Gestapo  — Pissis (alias Lepape)   	conserve l’attitude d’un soldat digne de notre respect et de notre   	admiration.  — B... cède à la   	terreur devant la torture et devient un traître: Il accepte de guider les   	Gestapistes au prochain rendez-vous en gare de Roanne. C’est le drame :   	Lorsque son chef s’approche de lui, il ne fait aucun des gestes de « mise en   	garde » prévus par nos règles de sécurité.     Le Capitaine Mercier est   	arrêté sous les yeux de deux membres du réseau:  — le Commandant Roger   	Lafont alias Monsieur Verneuil, Chef de réseau  — le Lieutenant Alcide,   	Léon Thiry alias Dyna ou le Dynamiteur, 44 ans, un « ancien d’avant 1939 »   	spécialisé dans les sabotages et les actions violentes contre les postes et   	agents de l’ennemi.     C’est l’arrestation   	classique « à l’appeau ». Le seul détail à souligner est la durée   	exceptionnelle du silence gardé par Mercier sur sa véritable identité:  Nous demandions à nos   	hommes de garder le silence pendant 48 heures afin que la nouvelle de leur   	arrestation puisse être diffusée et que les camarades menacés puissent se   	mettre à l’abri.  Mercier ne révèlera son   	identité que le 7e jour. Six jours de Verstärke Vernehmung c’est   	sinistrement long ! !       |