logofb

 

 
 
line decor
Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
line decor
 

 


 
 
 

 
 
PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
40 EME ANNIVERSAIRE DU DÉBARQUEMENT EN PROVENCE (2)
 

Dans le B.L. 124 nous avons relaté l'émouvante commémoration, en date du 14 août 1984 à La Motte, du Débarquement en Provence et l'allocution prononcée à cette occasion par notre camarade Boffy qui fut parachuté dans la région avec la « First Allied Airborne Division » du Général Frederick.

Aujourd'hui nous publions le récit du travail effectué par le Colonel - alors Capitaine, Boffy, à partir du 15 août 1944 et sur la base de ses compte rendus de l'époque.

RAPPORT EXPEDIE PAR LE CAPITAINE BOFFY AU GENERAL COCHET, LE 18 AOUT 1944

5 heures du matin, je suis parachuté entre Le Muy, Le Mitan, La Motte. Je prends la direction de mon point de regroupement. Je me perds avec la petite troupe d'errants qui m'accompagnent. Nous rejoignons l'État-Major seulement à 10 heures, après avoir déjà pris contact avec pas mal d'habitants qui m'ont appris que les Allemands ne tiennent pas du tout la campagne, sauf sporadiquement en deux points qui seront réduits vers 11 heures. (J'avais été pris à 50 mètres sous le feu de l'un d'eux vers 8 heures.)

Midi. - J'arrive à La Motte, accompagné du Sergent Chevenel - du Bataillon de choc. Village de 600 habitants, le premier libéré par nous. Enthousiasme populaire. Je prends contact avec le chef F.F.I. : M. Bauchières et l'ancien et futur nouveau Maire, M. Bonis. Je me renseigne au point de vue S.M., rien d'important à signaler. Je fais lire dans le village l'avis à la population civile que j'ai préparé. Une brève cérémonie a lieu à la mairie où est replacé le Drapeau Tricolore. Je donne les directives pour faire assumer l'ordre public. Les quinze jeunes des F.F.I. qui accompagnent Bauchières ont d'ailleurs très bien exécuté ces ordres.

Je prends contact avec le Chef Haldas des Chantiers de Jeunesse. L'E.M. des Chantiers de Jeunesse de Draguignan se trouve à La Motte. Je réquisitionne leurs voitures pour mon compte. Les camions serviront à différents transports et au ravitaillement. Les jeunes, en état d'alerte, assureront ce ravitaillement.

La suite de la journée se passe en liaisons à l'E.M. et en ordres donnés aux gens de La Motte, qui en demandent sans discontinuer. Je passe la nuit à La Motte.

 

16 AOUT 1944

8 heures du matin. - On me prévient qu'un maquisard a téléphoné deux fois de suite de Draguignan par la ligne de l'usine électrique qui n'avait pas été coupée. Premier coup de téléphone 3 heures du matin ; Deuxième à 7 heures du matin. Draguignan presque complètement évacué par les Boches serait entre les mains des Patriotes. Mais ceux-ci presque sans armes demandent qu'on vienne les renforcer au plus vite. Je me rends à l'usine électrique assez éloignée ; on ne peut s'y rendre en voiture. Je perds environ une demi-heure. Un quart d'heure avant mon arrivée, on a retéléphoné de Draguignan. Lorsque j'arrive, la ligne est coupée. Le vieil idiot qui garde l'usine m'explique que le chef des réfractaires de Draguignan lui a dit à 3 heures du matin de venir prévenir au plus vite un officier allié, mais que, n'ayant pas le droit de circuler, il n'a pu le faire, " craignant de se faire descendre par les sentinelles américaines. "

Je me rends à l'E.M. au Mitan. Malheureusement ma voiture est au gazogène et je n'arrive que 2 heures après. Je donne les renseignements. A midi, je pars du Mitan avec un officier adjoint au Général, qui porte l'ordre au régiment de parachutistes américains se trouvant à Sainte-Roseline et Trans-en-Provence, d'aller s'emparer de Draguignan immédiatement. Le régiment s'ébranle vers 16 heures. J'accompagne le Colonel qui ne veut pas que je le dépasse d'une semelle. Mon rôle eût été pourtant d'entrer le premier dans la ville.

Les premiers éléments pénètrent dans Draguignan vers 22 heures après quelques escarmouches dont la première, assez sérieuse, a eu lieu à l'endroit même où j'avais indiqué au Colonel une résistance probable, d'après les renseignements d'un habitant. Privé de mon interprète que le Colonel a envoyé ailleurs, je ne puis me faire entendre pour essayer d'entrer à Draguignan tout de suite.

Finalement j'y parviens à 3 heures du matin, le 17 août 1944 avec le Colonel.

 

17 AOUT 1944

3 heures du matin. - Après un délai pris pour notre installation, je me libère et me rends chez le Commandant de Gendarmerie. Je trouve les gendarmes en état d'alerte, entourant leur caserne, à l'abri du mur et de la grille d'enceinte, prêts à faire feu. Je suis fêté comme le « Messie ». Le Commandant le Gendarmerie, Chef d'Escadron Favre, siège à son bureau. Il est rayonnant. Nous nous mettons au travail immédiatement. Je lui transmets les directives du Service. Je lui donne les listes des personnes à arrêter, que j'ai emportées de Naples. Ces listes sont d'ailleurs très incomplètes. Dès l'aube les arrestations commencent. Nous prenons différentes mesures d'ordre public.

8 heures du matin. - Je rencontre le Capitaine Fontes, Chef d'arrondissement F.F.I. - C'est lui qui a téléphoné à l'usine électrique. Je lui raconte ce qui s'est passé. Je lui donne les directives en ce qui concerne les arrestations qui seront faites sous mon contrôle par la Gendarmerie et la Police, avec l'aide éventuelle des F.F.I.

Toute arrestation faite arbitrairement par des groupes de résistants divers amènera leur auteur lui-même en prison. Les mêmes individus répondront sur leur vie de toute exécution faite par eux sans jugement. J'ouvre ici une parenthèse (le matin même j'ai arrêté personnellement une de ces exécutions qui allait être faite par des F.F.I. - La victime aurait été une fille publique, sans doute délatrice, qu'ils promenaient enchaînée à travers la ville.

Le 16 dans l'après-midi, quatre exécutions que le Capitaine Fontès n'avait pu arrêter, avaient eu lieu. L'une des victimes était sans doute innocente. Les trois autres étaient des agents certains de la Gestapo. Mais un homme mort ne parle plus...

Si j'avais pu, selon mes intentions, me rendre à Draguignan par mes propres moyens dans la journée du 16, j'aurais pu empêcher cela et faire beaucoup plus de travail S.M. et T.R. que ce que j'ai pu réaliser par la suite.

Vers 9 heures. - Je prends contact avec les services publics. M. Gazelles me propose de faire assurer l'intérim des fonctions de Préfet par M. Vidal. Renseignements pris auprès du Capitaine Fontès et du Commandant Favre, j'accepte. D'autres questions diverses seront réglées en accord avec eux.

Dans la journée, je prends contact avec M. Rollet, Commissaire de Police de Toulon, Délégué Régional de l'A.P. - Il me sera par la suite très utile dans tout le travail que je ferai. Une demi-heure après il me présente Garusse, un architecte chargé de l'A.P. dans la Résistance locale. Ce monsieur surnommé Mistral sort de prison. Il se remet lentement des effrayantes tortures qu'il a subies. Cet homme très indulgent pour ce que nous pouvons appeler  « peccadilles » me parle tout de suite des arrestations injustifiées. Il travaille en collaboration des S.S.M. pour ce qui concerne l'identification des vrais coupables.

Il me remet un document de la plus haute importance qui est tout simplement le fichier de la Gestapo de Draguignan, sauvé au dernier moment par l'Alsacien Dreyer qui y travaillait comme interprète. L'Adjudant interprète Weber est immédiatement chargé de la traduction de ce document écrit en allemand.

Nous tenons déjà quelques uns des agents désignés dans ce fichier. D'autres ont pris une fuite à objectif lointain. D'autres sont récupérables. L'un des plus intéressants paraît être Gaby T..., la maîtresse du Commandant allemand.

En ce moment-ci, ayant pu me décharger de la S.M. proprement dite, j'organise le T.R. local pour le compte du Capitaine Bertrand. Mes collaborateurs sont Weber, Dreyer - dont j'ai parlé plus haut -, Garisse, Magali - gardien de la prison - et diverses personnalités plus ou moins importantes et même plus ou moins intéressantes, mais qui me rendent service.

N.B. - Le temps me manque pour faire un rapport plus détaillé en ce moment. Ce travail sera fait plus tard.

__________________________________________________________________ 

                                                                                  

RAPPORT SUCCINCT A LA SUITE D'UNE MISSION

                                                                                               

Le 16 septembre 1944.

Le Capitaine Boffy

à M. le Commandant Paillole, Directeur de la S.M.

J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint le rapport que vous m'avez demandé 14 septembre 1944.

Parachuté le 15 août dans la région comprise entre Frejus et Dragui­van, j'installai un Service S.M. 2 jours après dans cette dernière ville et quittai 8 jours plus tard après y avoir installé un embryon de bureau T.R.

Je me rendis à Toulon, puis à Marseille le 26 août. Ma mission était de retrouver le plus possible d'éléments de notre Service, et de prendre contact avec Monsieur Verneuil et Georges-Henri. A Marseille, retrouvai Christian (Durrmeyer). Il m'indiqua l'adresse de Georges-Henri à Toulouse.

Au cours du voyage que j'entrepris alors, je traversai les villes d'Aix-en­Provence, Tarascon, Avignon, Arles, Nimes, Montpellier, Béziers, Narbonne, Toulouse, Albi, Rodez, Mende, Langogne, Le Puy, Clermont-Ferrand, du 28 août au 4 septembre 1944.

C'est à Clermont que je finis par atteindre le Colonel Verneuil. C’ est d'accord avec lui que je cherchai à venir reprendre liaison avec la Direction à Paris, après qu'il m'eut emmené rendre visite aux B.S.M. du Puy, de Saint-Etienne, de Lyon, et de Bourg-en-Bresse.

Je me dirigeai alors vers Besançon, d'où j'espérais aller à Vesoul et plus loin, grâce à ma connaissance de la région. Ceci étant impossible, je pris route normale de Paris par Dijon, Sens, Melun.

J'arrivai au terme de ce voyage le 13 septembre 1944.

Au cours de cette randonnée, j'ai rassemblé une somme importante d'indications sur la situation intérieure actuelle de la FRANCE. Le témoignage que  j'ai l'honneur de vous adresser est composé, d'une part, de mes observations personnelles, d'autre part, de ce que le Colonel Verneuil m'a chargé  de vous rapporter.

Les suggestions que je me permets de vous soumettre en conclusion sont, soit de son crû, soit du mien. Leur opportunité est souvent dépassée par les mesures que vous avez déjà prises.

RAPPORT SUCCINCT SUR LA SITUATION GENERALE

A - TERRITOIRES LIBERES

I. - Régions occupées par les troupes de débarquement (avec indication de la date)

Le Muy-Draguignan, 17 août. - Liaison avec Fréjus, Saint-Raphaël-Saint­-Tropez le 19 août. Toute la région de la Côte et la route de Toulon libre le 21 août, entre Valescure, La Londe, Cuers, Draguignan, Salernes, Castellane, Grasse (exclu). - Toulon libre le 26, Marseille le 28, Hyères et Aix un peu avant, Arles, Avignon le 28. - Grenoble quelques jours avant. - Lyon libéré le 5 septembre, Mâcon, Châlons-sur-Saône les 6 et 7, Bourg et Lons-le-Saunier vers la même date, ainsi que Besançon, Baumes-les-Dames et le Haut Jura. - Dôle le 9, Dijon le 10. A la date du 12, les troupes de l'armée B se trouvaient à Montbard, Saulieu, Avallon, et d'autre part aux abords de Belfort. J'ai joint la liaison avec les éléments de Normandie dans la nuit du 12 au 13.

II. - Régions dégarnies d'Allemands et occupées par les F.F.I. (do)

Nîmes, Montpellier, toute la Septimanie et le Languedoc jusqu'à Toulouse étaient apparemment vides d'Allemands le 30 août. Albi, Rodez, Monde, Lan­gogne, Le Puy, Clermont-Ferrand, et d'une façon générale, toute l'Auvergne, étaient dans le même cas à cette époque. La route de Dijon à Paris entre Les Laumes et Tonnerre était libre le 13 septembre. Je suis arrivé à Tonnerre le 12 à 23 heures.

B - FONCTIONNEMENT DE LA S.S.M. DANS CES REGIONS

Liste des B.S.M. installés :

Draguignan: Lt Schipmann

Toulon: Cne Grandet

Nîmes: Un Lieutenant de réserve

Toulouse: Commandant Devoux

Marseille: Cne Antomarchi

Le Puy : Cdt Matignon

Clermont: Cdt Lafforgue

Saint-Etienne : Cdt Kesler

Lyon: Col Vrinat

Grenoble: Cdt Gignoux

Chambéry: Cdt Ambire (pv' en attendant : Cdt Siemy)  

Bourg-en-Bresse: Cne Boucher de Fareïn

Besançon: Cne Chantecler

Limoges: Cdt Faure

Poitiers: sans doute ultérieurement Boucher de Farein

 

III. - Centralisation provisoire de ce système

a) Le Col. Verneuil s'occupe spécialement du fonctionnement du B.S.M. de la région Centre.

b) Georges-Henri s'occupe de ceux de la région Sud.

c) Le Cdt Hurel s'occupera de ceux de l'Est. Il est à Lyon à son compte, en attendant de céder la place à Georges-Henri lorsque lui-même pourra aller s'installer en Alsace-Lorraine libérée.

 

IV. - Difficultés rencontrées (Anarchie du Maquis)

a) Absence de pouvoir officiel

A la date du 9 septembre, le Commandement Régional n'existait que pour la forme dans toute l'Auvergne et tout le Languedoc. Les titulaires n'avaient pas été acceptés par le Maquis. Et même à Clermont, le Général Monne avant été renvoyé dans ses foyers, le Gl Lenchud qui le remplaçait avait été éconduit par le Commissaire de la République. Même état de choses à Toulouse. Le même aussi en Savoie.

Il en résulte que nos bureaux territoriaux ne pouvaient prendre l'autorité indispensable dans toutes les régions où ils n'étaient pas garantis par la présence de troupes régulières. Il faut ajouter que la documentation leur manquait et en particulier la lettre signée du Général de Gaulle définissant leurs attributions. C'est d'ailleurs aussi en partie parce qu'ils n'étaient pas détenteurs de documents officiels que les Commandants de Régions n'étaient pas acceptés.

Il va de soi que, dans ces conditions, et à de rares exceptions près, les pouvoirs publics du genre de la gendarmerie ou la police ne pouvaient fonctionner. Ils étaient même souvent complètement désorganisés.

Les locaux de gendarmerie leur étaient interdits. Les gendarmes n'avaient qu'une ressource : devenir Francs-Tireurs.

Or, au Puy et à Draguignan, ainsi que sans doute ailleurs les gendarmes furent les principaux artisans du succès des F.F.I. A Toulon, les policiers furent dans le même cas, etc...

Un remède préconisé par le Cdt Verneuil est la radio-diffusion plus fré­quente d'ordres précis concernant toutes ces questions.

b) Activité policière du Maquis.

De la diversité bien française des groupements de Résistance et des Bataillons du Maquis est sorti un pullulement de Services de Renseignements locaux. Ces gens-là n'ayant plus à faire de renseignement militaire, font du contre-espionnage, ou tout au moins essayent d'en faire. Tout ceci serait bel et bon s'ils acheminaient leurs renseignements sur les B.S.M., seuls organes officiellement chargés de ce travail. Mais il n'en est les trois quarts du temps rien.

C'est ainsi que beaucoup de documents importants pris à la Gestapo sont entre les mains d'individus qu'on ne connaît pas et qu'on ne peut donc obliger à s'en dessaisir.

C'est dans les mêmes conditions que des gens du maquis ont arrêté et exécuté des personnes qui pouvaient nous intéresser. Ils ont fait signer à ces personnes, avant de les fusiller, des dépositions dans lesquelles elles reconnaissait ce qu'on leur reprochait. Mais ils ne les ont pas interrogées plus avant, et de ce fait, nous ont privés de sources de renseignements très précieuses.

Partout où j'ai été le premier arrivé du S.M. de débarquement ; j'ai convoqué les chefs F.F.I. (sans oublier les F.T.P.) et leur ai fait une petite conférence sur la question. Pris sous l'angle C.E. pur, ils l'ont digérée. Le Colonel Verneuil, d'autre part, leur répète constamment : « Fusillez tout le monde, y compris des innocents, si cela vous fait plaisir, mais ne nous enlevez pas ceux dont nous avons besoin de tirer le maximum de renseignements. »

Voici un exemple des ennuis que nous a causés cette activité justicière du Maquis : à Saint-Étienne, le Capitaine M..., chef des F.F.I. locaux, détenait 2 officiers allemands, chef et sous-chef de la Gestapo. Il lui avait été demandé instamment par notre B.S.M. de ne pas les fusiller avant que nous ayons pu les interroger. Il avait promis de nous accorder cela. Ils ont été fusillés 2 jours après, sans jugement ni interrogatoire sérieux... L'un d'eux avait été à Feryville et un peu partout. Tout s'est passé comme si les Boches étaient arrivés à les supprimer pour qu'ils ne parlent pas...

Un autre exemple qui sera développé ultérieurement par un rapport du S.M. que j'ai lu à Lyon : des agents du S.R. ont été arrêtés par un Maquis près de Lyon au début septembre. Le Cne S..., chef de ce maquis, les prenant pour des agents allemands, les a maltraités durement (une partie d'entre eux sont à l'hôpital), les a gardés malgré les ordres reçus pendant 4 jours de suite aux émissions de la B.B.C., et malgré les interventions personnelles de chefs F.F.L de Lyon qui connaissaient ces gens-là. Les derniers n'ont pu remplir leur mission, qui était importante et urgente étant donné la date.

Il convient d'ajouter que tout ceci ne reçoit guère d'approbation de la part du brave peuple de France qui, ayant été pillé et maltraité par les Boches, ne tient pas à l'être en retour par des Français. Quand j'écris « Français », je ressens un scrupule - au Puy, les patrouilles et les gardes F.F.I. sont composés de Russes et de Mongols qui, après s'être rassasiés de pillages, de viols et d'incendies pour le compte des Allemands, sont tout heureux de la perspective d'en faire autant en compagnie des éléments troubles du Maquis. Dans le Haut Var, il y a, parmi les F.F.I., des compagnies entières d'Arméniens et d'Espagnols, sur lesquels le bruit court qu'ils sont destinés à toute autre chose qu'à la bataille des frontières... Sans compter que parmi les Russes surtout, il y a sûrement des Allemands camouflés...

c) Divers

 

            1) Surveillance du Territoire

Non installée officiellement à la date du 13. Elle s'installait néanmoins à Vichy avec Monsieur. Même, à Clermont avec le Commissaire Central Fili, à Lyon avec M. Eriffe. M. Oswald prenait à son compte la direction en Zone Sud, grâce à l'action du Col. Verneuil, qui désirerait lui voir prendre la direction d'ensemble, avec comme adjoints : Koenig (S.A.) et Même (S.T.).

 

            2) Contrôles Techniques

Dissous par le Commissaire de la République pour l'Auvergne, après l'arrestation du Col. Brun. Néanmoins, M. Bresse, Commissaire de Police à Vichy, ancien H.C. de Camélia, avait été chargé  de leur réorganisation.

 

            3) Cours Martiales

Beaucoup de F.F.I. ne savent pas encore que  les Cours Martiales doivent fonctionner à l'échelon Région. Des cours martiales constituées au Puy, à Saint-Étienne, à Mende, ont fonctionné et déjà  sanctionné. Le Commissaire de la République ne semblait pas lui-même au courant de l'organisation à apporter. Il a été éclairé sur ce sujet par le Colonel Verneuil. Ce dernier suggère que ces cours soient composées exclusivement d'officiers F.F.I. Comme ceux-ci sont la plupart du temps incompétents sur les questions de code de Justice militaire et de Procédure, le Colonel Verneuil propose de leur adjoindre les conseillers techniques choisis parmi les officiers de la Justice Militaire.

 

d) Aperçu sur la situation d'ensemble des régions traversées

Le ravitaillement, plus ou moins bien organisé suivant les régions, semble partout suffisant jusqu'à présent.

Le moral est bon. Dans les régions d'Auvergne et du Languedoc, la population attend avec impatience l'arrivée de troupes régulières de l'Armée de débarquement. Outre la joie qu'elle aura à voir enfin ces soldats, parés à ses yeux du prestige de la Légende, elle compte sur leur présence pour lever l'hypothèque du Maquis, qui l'effraie de plus en plus.

D'ailleurs, là où sont nos troupes, l'influence morale et matérielle, souvent fantaisiste et quelquefois extrémiste du Maquis, a perdu toute importance apparente. Mais partout encore, les éléments communistes ont beaucoup d'armes cachées et de troupes de choc bien réparties, ce qui laisse penser qu'ils préparent l'insurrection. Ils cachent leur mécontentement et leur hostilité à l'armée régulière sous les avalanches de galons dorés qu'ils se sont eux-mêmes généreusement octroyés, en attendant, avant de se ceindre d'écharpes rouges, et de se mettre des plumes au chapeau...

 

e) Conclusion

Pour supprimer toute cette agitation inopportune, pernicieuse et dépensière d'énergie inutile, la mobilisation générale, et effective s'impose avec une urgence qu'on ne saurait minimiser sans exposer la France à de graves dangers intérieurs. Par ailleurs la mise en place effective de tous les Pouvoirs Publics et des Autorités Militaires Territoriales n'est pas moins urgente.

Il convient de faire de même pour les Cours Martiales et beaucoup d'autres choses. La radio-diffusion serait le moyen le plus rapide et le plus pratique de faire connaître à chaque Français de quelles autorités il relève, à qui il doit s'adresser dans certains cas, quels sont, d'autre part, ses devoirs et ses droits.

 

 

 

 
Début / Haut de page
 

 

Article paru dans le Bulletin N° 125

Dépot légal - Copyright

Enregistrer pour lecture hors connexion.

Toute exploitation, de toute nature, sans accords préalables, pourra faire l'objet de poursuites.

Lire l'Article L. 122-4 du Code de la propriété intellectuelle. - Code non exclusif des autres Droits et dispositions légales....