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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
A L'OCCASION DU 40 EME ANNIVERSAIRE DE DÉBARQUEMENT EN PROVENCE... (1) 
 

L'AASSDN était représentée par le Lieutenant-Colonel BOFFY, témoin privilégié de cette opération militaire, puisqu'il était, ce jour-là, l'officier de liaison des Services Spéciaux auprès du Général commandant la Division Aéroportée.

Avant de quitter NAPLES il s'était rendu auprès du Colonel SIMONEAU, chef du S.R.O., qui lui avait communiqué les renseignements transmis par les Réseaux renseignements dont la précision et l'exactitude devait contribuer, une grande mesure, au succès de l'opération.

Le Lieutenant-Colonel BOFFY était donc, le 15 août 1944, dans l'avion du général FREDERICK. A 4 h 59, il sautait dans une mer de brume en mau­gréant, à l'adresse des aviateurs: «  les salauds ils nous ont parachuté sur la mer ». Il se posait, en réalité, sur la bonne terre ferme, près du lieudit LE MITAN, où avait été fixé le P.C. de l'opération.

24 heures plus tard, le Général Ferdinand NEULING, commandant le  62em   Corps d'Armée de la Wehrmacht, responsable allemand de la zone d'invasi­on, était neutralisé dans son propre P.C. à DRAGUIGNAN.

Cette opération aéroportée devait être saluée par le Général de LATTRE comme  « la plus magistrale de toute la guerre ».

 

ALLOCUTION DU LIEUTENANT-COLONEL BOFFY

" Maître ROSÉ, Maire de LA MOTTE, m'a fait l'insigne honneur de me demander de prendre le premier la parole pour commémorer le 40em   anniversaire de la libération de votre ville le 15 août 1944 par les parachutistes de la First  Allied Airbone, commandés par le Général FREDERICK. Je l'accompagnais en tant qu'Officier de liaison détaché par le 1er  R.C.P., mon régiment, chargé de mission des Services Spéciaux de la Défense Nationale par le Colonel PAILLOLE, que je représente aujourd'hui.

 

" Il y aura en effet dans quelques heures, quarante ans que commença, vers 11 heures du soir, sur les aérodromes d'Italie, l'embarquement des 10.000 hommes du Task Command DRAGON du Général FREDERICK. Cinq mille parachutistes et quatre mille soldats portés par planeurs devaient prendre pied, avant l'aube du 15, sur la zone délimitée par le MUY, la MOTTE, TRANS en PROVENCE, les ARCS. Pour ma part, j'avais pris place dans l'avion du général, qui m'y avait assigné le rôle de serre-file.

 

Nous décollâmes du Lido di Roma avec la brigade anglaise un peu avant l'heure du matin et nous nous regroupâmes à hauteur de la Corse avec les formations parties de nombreux autres aérodromes d'Italie et d'Afrique Nord.

Le Var était envahi par la brume, et le largage dû, de ce fait, être effectué plus haut que les normes habituelles et le largage dû, de ce fait, être effectué plus haut que les normes habituelles. Il était 4 h 59 lorsque je franchis en serre-file la porte de l'avion, après avoir, de justesse, réparé l'erreur d'accrochage de sa static-line de l'avant-dernier de ma file, le Capitaine STUYVESANT. Sans mon intervention il risquait de tomber en chute libre...

 

Au Lido di Roma, on m'avait dit que le largage de notre avion aurait lieu à 4 h 59... Je pris d'abord pour la mer la brume qui recouvrait toute la contrée. Il en émergeait des Caps ou des promontoires et je m'écriai, à l'adresse des pilotes qui étaient déjà loin les salauds, ils nous ont largués au-dessus de la mer! Je n'avais pourtant pas l'impression que j'allais me noyer ! En effet, quelques instants plus tard, j'atterrissais dans une vigne près du MITAN.

 

Alors commença le travail au sol des parachutistes. D'abord le regroupement, que la nuit et la brume rendaient alors moins aisés. La brume se dissipa vers 9 heures et c'est vers 10 heures, qu'après m'être égaré en direction du MUY et avoir essuyé quelques coups de feu, je retrouvai au MITAN le Général FREDERICK. Il me dit : " il faut que vous alliez tout de suite à la MOTTE que nous sommes en train de libérer ". J'y arrivai, à pied, vers 11 heures et me retrouvai un peu plus tard introduit dans la Salle du Conseil de la Marie. Je fus accueilli par le Maire, Monsieur BOUIS, entouré des Conseillers Muni­cipaux et du chef du F.F.I. locaux, mon ami le regretté André BAUCHIERES dont je salue ici la présence de sa veuve, Madame BAUCHIERES.

 

Il y aura donc quarante ans demain vers l l h 30 ou midi qu'à la demande de Monsieur BOUIS et de son Conseil et avec l'émotion que vous devinez, qui était au moins aussi grande que celle qui m'étreint ce soir, je procédai à la remise en place sur ce balcon qui me fait face, au fronton de votre mairie, de NOTRE DRAPEAU !

 

Après quoi, à la demande des édiles de la MOTTE, j'adressai quelques mots à la population rassemblée sur la place. Mon bref discours était aussi improvisé que ce que je vous dis en ce moment. Tout le monde pleurait...

 

C'est ainsi que la MOTTE a été, en ce radieux matin du 15 août 1944, la première cité Provençale libérée par les troupes alliées. Ce furent ensuite du 15 au 17 août, le tour du MUY, de TRANS en Provence, puis de DRAGUIGNAN, avec des pertes plus élevées que pour la MOTTE sans pour autant être très importantes. Le reste, vous le connaissez mieux que moi, puisque vous l'avez vécu jour après jour. Je poursuivais ma route vers l'Ouest puis vers le Nord, pour y remplir les diverses missions que m'avait confiées le Colonel PAILLOLE, mon patron des Services Spéciaux.

 

Dans ce périple, j'eus de nouvelles occasions, jusqu'à mon arrivée à PARIS le 13 septembre, de pénétrer le premier, ou parmi les premiers libérateurs, dans divers villages ou villes de FRANCE. Mais c'est la libération de la MOTTE en ce merveilleux 15 août 1944 qui m'a laissé le plus beau souvenir, ainsi que, je le pense, à tous ceux qui l'ont vécu, et y ont survécu...

 

Pour achever cette évocation, je veux dire la joie que j'éprouve à retrouver en cette occasion nos amis, mes frères d'armes, les vétérans Américains, Anglais et Français de la First Allied Airborne.

 

« Saluons ensemble avec ferveur le souvenir de ceux qui sont morts au combat pour que nous redevenions un peuple libre. Et ce m'est l'occasion d'associer dans ce souvenir, celui des nombreux combattants de l'ombre, mes camarades des Réseaux de Renseignements, et ceux de la Résistance, dont beaucoup sont morts en héros peu connus, après de grandes souffrances, ou qui, revenus physiquement amoindris des camps de déportation, sont morts prématurément depuis. Ceux-là aussi jouèrent un grand rôle dans la réussite de l'opération DRAGON. J'en veux pour preuve l'excellente qualité des renseignements que me communiqua, à  NAPLES, quelques jours avant l'opération DRAGON, le Commandant SIMONNEAU, du S.R.O. Il me donna une physionomie parfaitement exacte de l'implantation des troupes allemandes dans le Sud-Est, et de la valeur de leurs défenses.

 

Pour conclure, je souhaite que nous nous retrouvions les plus nombreux possible à la MOTTE chaque année au 15 août, sans attendre le 50em anniversaire, mais en espérant aussi que, lorsqu'il viendra, nous serons à nouveau ici, comme aujourd'hui, nombreux, joyeux et libres. »

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 124

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