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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
FORTITUDE
 

Vous avez dit " Fortitude ", Cher Ancien ! What is that ?

Par Jean-Marcel LECACHEUR

Dans quelques semaines sera célébré le 60e anniversaire du débarquement des alliés sur la côte normande ! Ce fut le quatrième de l'histoire. Le premier au VIIIe siècle quand les drakkars de Vikings débarquèrent dans mon pays natal, pour créer la solide race normande. Le second au XVIIIe quand les caravelles anglaises sont venues assister les " Bleus " qui fuyaient la Révolution. Le troisième en 1942, à Dieppe, où les Canadiens furent dramatiquement rejetés à l'eau, dès qu'ils abordèrent le sol de France.

Drapeaux et fanfares, Chefs d'États et Ministres vont fêter le souvenir de nos " Anciens " venus libérer la France. Anglais, Canadiens, Américains se retrouveront devant cimetières et musées pour se recueillir sur les tombes des soldats morts pour leur patrie ce jour-là.

Faisons, si vous le voulez bien, un rapide tour d'horizon sur les forces alors en présence.

Côté Allemand, 60 divisions composées de vétérans et de jeunes " Hitler jungen " fanatisés, dont 10 divisions de chars redoutables, les " Panzer ", 2 divisions de paras, 17 d'infanterie mobile de 1ère classe...

Le gros des troupes était occupé sur le front russe où il commençait à recevoir une rude leçon.

Côté Alliés, 37 divisions d'infanterie et 15 blindées équipées du char " Sherman " inférieur aux Panzer.

Le 4 commando marine du Commandant Kieffer débarqua à Ouistreham et un bataillon S.A.S. aux ordres du Commandant Bourgoin sauta le 5 au soir sur la Bretagne, pour coordonner la résistance française et empêcher les Allemands de remonter vers les plages de débarquement. Le premier tué du débarquement fut un caporal de ce bataillon, le 5 à minuit...

Ajoutons à cela l'appui " amical " du Maréchal Rommel, qui avait créé le Mur de l'Atlantique, une suite de solides bunkers en béton, à l'abri des obus, avec abris souterrains. Sur la plage, des " tétrapodes ", assemblage de rails belges pointés vers le large et qui devaient éventrer les barges de débarquement et, enfin, la côte truffée de mines anti-chars et anti-personnel. Enfin, tout l'arrière pays : le bocage normand truffé de pieux solides, pointus, ornés d'une grenade et reliés entre eux par du barbelé solide : " Les Asperges de Rommel ". Ajoutons à cela que les prairies furent toutes inondées et, quand c'était possible, transformées en marécages...

Le mur s'étirait sur 1.000 km du nord au sud, il en fallait environ 70 pour débarquer et, si possible, 2 ports.

 

Disons pour résumer ce mot du Général Bedell Smith à Churchill : nous avons une chance sur deux de réussir l'opération, mais l'important sera de tenir quatre jours, pour avoir le temps de recevoir nos renforts... Pensons maintenant aux Canadiens à Dieppe !

C'est là que naît l'essentiel du débarquement, une idée de l'Intelligence Service (I.S.) : l'opération " Fortitude ". C'est un énorme leurre qui consiste à faire croire aux Allemands que le débarquement aura lieu début juillet dans le Pas-de-Calais, entre Dunkerque et Calais, alors que l'État-major allemand, Hitler en tête, était persuadé que le débarquement aurait lieu entre la Seine et le Cotentin, avec comme ports Caen et Cherbourg... 70 km de plages de sable.

 

Résumons ce que fut " Fortitude "

Une fausse armée de blindés concentrés derrière Douvres, dans un pays où tout l'arrière avait été évacué, les champs labourés de traces de chenilles, les sentiers d'accès élargis et marqués d'ornières de chenilles et une masse énorme de faux-chars en caoutchouc gonflables, fabriqués par Good Year, plus deux embarcadères en contreplaqué démontables en quelques heures.

Ajoutons à cela que, malgré une belle supériorité aérienne, la chasse anglaise avait laissé passer deux avions espions allemands à un jour d'intervalle et déplacé entre les deux, dans la nuit, les chars dégonflés et les embarcadères remontés plus au nord.

Les Allemands photographièrent les sites et l'illusion fut parfaite. Hitler lui-même douta de sa première idée pour en venir au sud de la Belgique. Quatre agents allemands repérés furent intoxiqués en leur laissant la possibilité de " voir " le site.

Les bordures étaient composées de quelques vrais chars et de vrais soldats.

 

Deux jeunes femmes anglaises engagées dans l'armée furent formées au renseignement et à la manipulation des postes émetteurs. Elles furent envoyées en France par Lysander et confiées à un réseau où l'on savait qu'un individu était à la solde de la Gestapo. Les Allemands apprirent vite qu'elles étaient en mission l'une pour Calais, l'autre pour Dunkerque.

Dès leur première émission, elles furent repérées et arrêtées. Ajoutons encore que Rommel dont l'anniversaire de la femme était le 6 juin fut tellement rassuré qu'il partit avec sa Horch et son chauffeur au centre de l'Allemagne pour fêter ce beau jour avec son jeune fils.

Le même jour, en Suisse, tous les libraires et marchands de journaux furent assaillis par des acheteurs de cartes routières du nord de la France.

Enfin, cerise sur le gâteau un comédien anglais ressemblant à Montgomery fut " transformé " et devint un véritable " clone " du maréchal. Il fut envoyé sans aucun secret début juin en Gibraltar pour inspecter les défenses du Rocher. L'illusion fut totale. La presse anglaise relata la visite, ce qui confirma aux yeux de Hitler le report du débarquement à début juillet et ce qui explique le voyage de Rommel. Les forces allemandes furent concentrées, pour l'essentiel, derrière Calais...

 

Quand le 6 juin à 11 h, dans son Nid d'Aigle, Hitler apprit le début du débarquement, il dit " c'est un leurre, ne dégarnissez pas le front nord.... "

Et c'est ainsi, grâce à " Fortitude ", que nous n'avons pas rencontré une opposition majeure, ce qui permit aux alliés (à quel prix !) d'attendre la fin du second jour que l'ennemi passe à la contre-attaque.

Deux ports artificiels avaient été construits en secret. Remorqués et coulés devant la côte, ils permirent de faire débarquer les chars alliés capables de résister à la contre-attaque.

 

Voilà les Jeunes... c'est çà " Fortitude "

60 ans ont passé, le ciel est plein de satellites qui permettent de détecter les moindres mouvements sur terre. Pensez que l'on peut, si l'on est équipé, être guidé par une voix qui vous donne votre chemin.

C'est vrai, toutefois l'important n'est pas seulement le début de l'action, mais la pensée de l'homme. Or, aucun engin, si moderne soit-il ne peut pénétrer la pensée de l'homme... seul le renseignement humain le peut.

Si l'argent est le nerf de la guerre, le renseignement est le nerf de la paix

 

Jean-Marcel Lecacheur débarqua le 6 juin 1944 à Omaha Beach en tant que Chef du Détachement de Sûreté aux Armées, avec la Première Armée Américaine commandée par le Général Omar Bradley.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 196

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