Notre ami, ancien délégué départemental des Alpes-Maritimes s’est éteint le 20 août 1992 à 12 heures à son domicile de Nice.

Ses obsèques religieuses ont eu lieu le lundi 24 août à Nice et son corps sera inhumé ultérieurement à Grenoble dans le caveau de famille.

Ainsi disparaît un officier des Services Spéciaux de légende dont notre Président National retrace ci-après la carrière.

Notre amicale ressent douloureusement la perte d’un homme d’une qualité aussi exceptionnelle.

Elle renouvelle à sa famille ses respectueuses condoléances et l’assure que le Souvenir du Colonel Gallizia demeurera vivant dans ses pensées.

Par le Colonel Paul PAILLOLE

Nous nous sommes connus et liés d’amitié à Saint-Cyr.

C’était en octobre 1925. 

Gallizia appartenait à la Promotion du R.I.F., celle des Frenay et Jouhaud qui, comme lui, avaient, jusqu’au sacrifice, le culte de la PATRIE et celui de l’HONNEUR.

Une passion commune pour l’escrime nous avait permis d’approfondir des liens que nos destinées allaient encore resserrer dans les Services Spéciaux de la Défense Nationale où nous nous sommes retrouvés en 1936. 

Sorti en 1926 dans l’Infanterie Alpine avec un rang brillant, Gallizia, dont la culture et l’ouverture d’esprit animaient les pensées au delà de son existence militaire, prit rapidement conscience des dangers que faisaient courir pour la Paix et la France, le fascisme puis l’hitlérisme. 

C’est avec enthousiasme que, jeune capitaine, il répondit à l’appel des Services de Renseignements de l’Armée. L’intérêt qu’il portait à l’Italie, à son évolution, sa connaissance de la langue italienne, tout le désignait pour participer à la mise sur pied d’un poste d’observation proche de la frontière.

Ainsi, de 1936 à 1945, il fut à Nice la cheville ouvrière de nos Services de Recherche.

Prudent, adroit, scrupuleux, Gallizia parvint en quelques mois à tisser en Italie un réseau d’information d’une efficacité telle qu’à la veille de l’entrée en guerre de nos voisins, nos Services savaient tout de leurs possibilités militaires et économiques ainsi que de leurs rapports avec l’Allemagne.

Dans la tristesse de la Défaite, il ne lui vint jamais à l’idée d’abandonner sa lutte contre l’Axe. Devenu clandestin, ses qualités humaines et un charme réel au service de ses convictions, lui permirent de conserver et de développer ses moyens de recherche dont les alliés bénéficièrent d’août 1940 à août 1945.

En novembre 1942, après l’occupation de la zone sud, son organisation, plus que jamais clandestine, devint le réseau des Forces Françaises Combat tantes connu sous le nom de Kléber-Mercure.

A la suite de l’arrestation de l’un de ses collaborateurs, le Capitaine Giscard-d’Estaing (1), le Commandant Gallizia devint l’homme à abattre de la Gestapo. Il n’en continua pas moins sa mission, l’étendant même aux dispositifs de défense de la Wehrmacht qui, depuis septembre 1943, s’était substituée à l’occupation italienne sur la côte méditerranéenne.

Relié en permanence par radio et courriers avec Alger et Londres, ses informations précises et méthodiques furent d’un intérêt capital pour la préparation et la réussite du débarquement de Provence.

Nice, libérée dans la nuit du 28 au 29 août 1944 se doit de se souvenir de ce soldat décédé discrètement le 20 août 1992.

Il n’oublia jamais, LUI, ceux qui au risque de leur liberté et de leur vie, accentuèrent de 1940 à 1945 ce combat héroïque et obscur auquel il les avait confiés pour l’Honneur de la France.