par le Colonel Michel GARDER

Cette deuxième année du XXIème siècle s'achève sans que nos contemporains aient compris que depuis la fin de 1989 nous sommes entrés dans une ère nouvelle ; que notre monde n'avait plus grand-chose de commun avec celui auquel nous étions habitués depuis 1945.

Les États-unis ne sont plus une véritable super-puissance. L'Union Soviétique n'est plus, en tant qu'unité politique. L'Europe n'est qu'en gestation ; l'Europe centrale est en semi-ébullition. Quant à la partie orientale de notre continent, elle n'est qu'un amas de points d'interrogation.

En attendant de se manifester autrement, la nébuleuse islamique vient d'afficher un semblant d'unité à Dakar. Au fond, seul le binôme sino-nippon - cette alliance concurrentielle de deux géants : l'un démographique, l'autre technologique et financier, représente la véritable super-puissance de ce début de siècle.

Il ne s'agi pas pour autant de s'abandonner au désespoir, mais de savoir s'orienter dans la nouvelle constellation mondiale en cours d'émergence, et c'est là que s'impose de façon dramatiquement urgente la nécessité d'un service de renseignement et de sécurité totalement rénové.

Un tel service ne peut pas être le résultat d'un bricolage de ce qui existe actuellement. Sa conception exige une révolution totale dans les esprits et les habitudes aboutissant à la mise sur pied d'un ensemble complètement neuf d'exploitation à l'échelon national (ou supranational dans le cas d'une Europe occidentale unie), d'analyses et de recherche utilisant toutes les ressources de la science et de la technologie modernes et disposant de personnels sélectionnés parmi les élites.

Ce faisant il ne s'agirait pas d'ériger un État dans l'État, mais de créer un véritable outil au profit de l'État (ou de l'entité supranationale) en évitant le gigantisme du type K.G.B. ou C.I.A.

Comprendre, prévoir et tenir renseignées les plus hautes instances civiles et militaires de l'État (ou de l'entité supranationale) serait la mission de cet outil unique actionnant de nombreuses branches spécialisées.

Les grands chambardements auxquels nous assistons pouvaient être prévus depuis des années avec leurs scénarios imaginables et leurs conséquences. Même si la perfection est en principe irréalisable, on peut s'efforcer de l'atteindre. Il n'y a aucune raison pour que les grandes entreprises industrielles rivalisent d'efficacité alors que des États modernes en sont réduits à l'à peu près et aux improvisions a posteriori.