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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
LA PRÉPARATION DU DÉBARQUEMENT DU 15 AOÛT 1944 EN PROVENCE
 

Nous devons à notre camarade LE BAS du réseau KLÉBER le récit qui va suivre.

Au moment où se préparait au Q.G. des Forces Alliées d’Alger le débar­quement du 15 août 1944 sur les côtes de Provence, il était indispensable de connaître en détail, les conditions d'occupation du littoral méditerranéen par la Wehrmacht.

LE BAS a trouvé, avec un rare « culot », le moyen de pénétrer dans les défenses côtières allemandes. C'est ce qu'il nous raconte avec simplicité. C'est tout de même un exploit.

 

par Mr. LE BAS

UNE PROMENADE DANS LA BAIE DES ANGES PAR LE BAS AGENT P2 DU RÉSEAU KLÉBER

1944. - Les Allemands ont fait du littoral une zone impénétrable. Tous les accès sont fermés ou gardés. Les habitations du bord de mer à Nice et au-delà sont toutes évacuées. Les rues perpendiculaires à la Promenade des Anglais sont barrées par des murs en béton de plus d'un mètre d'épaisseur. Comme je le verrai plus tard, ces murs sont revêtus du côté mer d'une peinture en trompe-l'oeil, figurant la rue cachée en perspective.

 

Passé Nice, l'accès principal du littoral part du Jardin Albert-Ier  (place Masséna). Il est bloqué par une barrière relevable et gardée par un poste de soldats allemands en armes.

 

Il est évident qu'il y a un intérêt majeur à voir ce que les Allemands cachent sur le bord de mer. Pour pénétrer dans cette zone « j'emprunte » une Ford décapotable qui appartient au général allemand. Elle est garée à l'agence Ford, agence réquisitionnée par le H.K.P. mais où je suis connu. Ce moyen insolite me paraît le plus simple et le plus efficace.

 

Au volant, j'arrive devant la barrière du Poste de garde et m'arrête. Un sous-officier sort du baraquement et m'intime brutalement l'ordre de faire demi-tour.

 

Je ne bouge pas et le miracle espéré se produit :

 

L'Allemand approchant de la voiture aperçoit tout à coup le fanion métallique de forme triangulaire aux couleurs jaune et verte fixé sur le pare-chocs avant. C'est le fanion du général.

 

Il appelle ses hommes, fait lever la barrière et, à son commandement, le Poste me présente les armes. Je remercie d'un petit sourire et continue ma route. De toutes mes pénétrations dans des zones interdites, aucune ne me fut plus facile, plus confortable.

 

Je parcours une douzaine de kilomètres en suivant le bord de mer. Je relève la présence du blockhaus, de tapis de rails plantés dans la grève et inclinés vers la mer, de divers autres pièges et dispositifs évidemment prévus dans la crainte d'un débarquement.

 

Je m'arrête de temps en temps pour établir croquis sur croquis. A un moment, au début, je sens un regard peser sur ma nuque. Je me retourne et vois une sentinelle allemande tournée vers la mer. Nos regards se croisent, petit geste aimable de ma main et je repars sans me presser. D'autres sentinelles, tous les 200 mètres environ, sont placées en retrait de la route.

 

Je prends soin à chaque arrêt, de noter les numéros des maisons ou autres repères, ce qui me permettra de situer les dispositifs à une échelle correcte rapportée sur le dessin d'ensemble.

 

Retour sans histoire dans la ville. Je ne suis pas satisfait car il est malaisé de faire tant de croquis en conduisant et en s'arrêtant trop brièvement.

 

Je décide de recommencer en me faisant accompagner par un chef d'atelier de Ford, ancien poilu de la grande guerre, homme taciturne qui ne pose pas de questions. Il conduit doucement sur le même itinéraire et je peux compléter confortablement mes relevés.

Le scénario à l'entrée et à la sortie a été le même et je commence à me sentir dans la peau d'un général en tournée d'inspection.

 

Je rends compte au capitaine Gallizia  mon chef à P5  KLÉBER. Il m'emmène aussitôt dans la mansarde d'un camarade de réseau, architecte, où grâce à une planche à dessin, une carte de Nice et du littoral, j'établis un relevé régional à échelle correcte.

 

Plus tard, je continuerai de telles recherches à Cannes à pied cette fois. J'entrerai dans la zone défendue accompagné par un Allemand anti-nazi qui intime l'ordre à la sentinelle de garde de nous laisser passer. Sur un kilomètre environ, je constaterai que des systèmes de défense sont là, identiques aux premiers. J'en effectuerai le relevé dans les mêmes conditions pour l'expédier à Alger.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 125

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