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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
EN SOUVENIR DU GRAND RÉSISTANT QUE FUT ANDRÉ AUFRANC ET EN TÉMOIGNAGE DE RECONNAISSANCE POUR SON HÉROÏQUE ÉPOUSE
 

Le Colonel Jacques MARIE, ancien du Réseau de la FRANCE LIBRE GALLIA-KASANGA tient à rappeler un fait historique afin que la postérité sache ce que furent André AUFRANC et sa courageuse épouse.

par le Colonel Jacques MARIE

J'ai pu, par mon frère, le Lieutenant-colonel Hubert MARIE, lui-même ancien du Réseau « TR », prendre connaissance du Bulletin de l'Amicale des Anciens Membres des Services Spéciaux n° 109 (1981/1) qui, à la page 7, porte le Titre « Les derniers jours d'André AUFRANC (1) ».

Voici donc mon histoire.

J'avais, dans le cadre de mes missions, été appelé à rencontrer en 1943 à plusieurs reprises à CHÂTEAUROUX André AUFRANC qui, dès le premier contact, m'avait particulièrement frappé par son calme, sa gentillesse et sa détermination à vouloir servir son pays, même jusqu'au sacrifice suprême. Au cours de ces différents contacts, j'ai eu le privilège de faire la connaissance de Madame AUFRANC, épouse exemplaire, qui, par son abnégation, était toujours prête, elle aussi, à servir la cause de la France.

 

Avec André AUFRANC, nous avions été amenés à douter de l'honnêteté d'un « PASSEUR » domicilié à TOURS. C'était un personnage spécialisé dans le convoyage de français ou de pilotes alliés cherchant à rejoindre l'Angleterre ou l'Afrique du Nord en passant par l’Espagne.

 

En raison de nos soupçons et de notre inquiétude, j'avais décidé d'accompagner, au cours d'un de ses voyages, vers la frontière espagnole, ce « PASSEUR » (dont je tairais le nom) afin de m'assurer que le dispositif d'évasion des personnes était sans faille.

 

Je prenais donc le train au départ de TOURS avec ce passeur aux environs du 8 ou 9 septembre 1943. Nous accompagnions un convoi de volontaires (10 français et 3 pilotes britanniques) vers l'Espagne.

 

A mon arrivée à BAGNERES DE BIGORRE (Hautes-Pyrénées), je décidais de rentrer, au plus vite, à TOURS pour exprimer aux Résistants et à André AUFRANC mes doutes quant à la manière dont il organisait ces voyages et qui laissait planer une forte suspicion de malhonnêteté.

 

L'avenir prouva que ce Passeur livrait un convoi sur deux à la Gestapo.

Au cours de mon voyage de retour j'ai dû m'arrêter à TULLE pour rencontrer deux résistants.

Cet arrêt en Corrèze fut pour moi une chance inouïe car je ne repartais que le 13 septembre 1943 au matin de TULLE pour TOURS avec changement de train à CHÂTEAUROUX.

 

Ce 13 septembre 1943 fut la date fatidique de l'arrestation de mon frère le lieutenant-colonel Hubert MARIE à 6 heures du matin par la Gestapo. Cette dernière fort bien renseignée, savait que j'étais en voyage. Dès la fin de la matinée, elle fit mettre en place en gare de TOURS une « SOURICIÈRE » afin de m'intercepter au train venant de Châteauroux.

 

Dès que la Gestapo eut quitté le domicile de mon frère, logeant chez mes grands-parents, un dispositif put être mis en place, grâce à mon Grand-père qui, avec un grand dévouement, réussit à alerter deux de nos amis. Ces derniers parvinrent à faire prévenir Madame AUFRANC, son mari étant absent, pour qu'elle puisse m'avertir du danger qui m'attendait.

 

Le 13 septembre 1943, vers 18 heures, en gare de Châteauroux, assis dans le train pour TOURS qui commençait à démarrer je vis Madame AUFRANC par la portière du wagon. Elle me criait en courant :« Descendez vite, votre frère Hubert a été arrêté ce matin ».

 

Madame AUFRANC a donc été l'un des principaux maillons de cet événement extraordinaire qui m'évita de tomber dans les griffes de la Gestapo.

 

Je tiens aujourd'hui, 40 ans plus tard, à lui exprimer ma très sincère et affectueuse gratitude qui va aussi au souvenir de son héroïque mari, victime d'une ignoble trahison. J'aurais pu moi-même subir le même sort car j'ai été trahi, mais la chance était pour moi grâce à l'intervention courageuse de Madame AUFRANC.

 

(1) Agent P2 du réseau SSM/F/TR mort en déportation arrêté le 12 décembre 1943 en gare de Roanne avec son Chef le Capitaine MERCIER.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 120

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