L'expert de la maison, Michel Garder, absent à son grand regret en raison d'un déplacement important à l'étranger, s'est fait représenter par un texte intitulé Le Point de la Partie sur l'Échiquier Mondial » dont le Président National donne les grandes lignes.

« La phase actuelle du conflit mondial en cours a débuté le 12 août 1978 avec le Traité sino-nippon. A l'inverse de la phase précédente, l'actuelle ne tourne pas pour le moment à l'avantage de l'Empire soviétique. Ce dernier met pourtant en oeuvre une Stratégie Totale déroutante pour ses adversaires, mais la rigidité de cette stratégie et son inadaptation au monde actuel font que le Kremlin ne parvient pas à imposer sa « vérité » à la coalition occidentalo-asiatique qu'elle s'efforce de dissocier et de battre en brèche. Il faut dire que la vitalité des États-unis et certaines réactions saines des autres membres de la coalition ne manquent pas d'embarrasser, par ailleurs, les stratèges moscovites. Ceux-ci se heurtent actuellement à un certain nombre de difficultés sur le Théâtre Intérieur et ne parviennent pas à imposer leur volonté sur les trois Théâtres d'opérations extérieures.

En effet, sur le Théâtre Intérieur, la découverte brutale du programme américain de domestication de l'Espace à des fins militaires, en avril 1982, et la destruction par les Israéliens (deux mois plus tard) du potentiel militaire syrien à base de matériels soviétiques, ont sérieusement remis en cause la confiance en soi des stratèges du Kremlin dans un domaine où ils se croyaient hors d'atteinte. Cette remise en cause coïncidait par ailleurs avec trois autres causes d'incertitude la lutte pour le pouvoir au Kremlin, l'enlisement en Afghanistan et le point d'interrogation sur la situation en Pologne.

Un an plus tard il ne semble pas que l'oligarchie soviétique soit beaucoup plus avancée sur ces quatre points.

Pendant ce temps, sur les théâtres extérieurs, la situation peut être résumée comme suit :

- en Asie, où depuis le XXVIe Congrès du P.C. soviétique de février 1981 porte l'effort principal, l'U.R.S.S. n'est pas parvenue à dissocier le binôme Chine-Japon, et sa poussée en direction du Golfe Persique est contrariée par son enlisement en Afghanistan ;

- sur le Théâtre occidental, les offensives de paix du Kremlin n'ont pas été jusqu'ici couronnées de succès. Toutefois, les avant-postes de Cuba et du Nicaragua qui alimentent en instructeurs et en matériels les foyers subversifs d'Amérique latine posent un difficile problème à l'Administration Reagan ;

- enfin sur le Théâtre africain, Moscou se contente pour le moment de conserver l'acquit de la phase précédente avec ses avant-postes d'Éthiopie, du Mozambique et d'Angola et son allié fantasque libyen.

Pour Michel Garder le temps ne travaille pas pour Moscou et la lutte pour le pouvoir qui a repris dans les coulisses du Kremlin pourrait nous réserver des surprises d'ici l'automne prochain. Les échecs subis sur les Théâtres extérieurs ne peuvent d'ailleurs que précipiter les événements sur le Théâtre intérieur, et peut-être même entraîner une relève massive au sein de l’oligarchie actuelle.