logofb

 

 
 
line decor
Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
line decor
 

 


 
 
 

 
 
PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
LA MISSION BADEN-SAVOIE T.R. JEUNE (12)
 

Nous reprenons ci-dessous la publication des mémoires de notre camarade Elly Rous alias Serra, chef de la mission Baden-Savoie dont le dernier épisode a paru dans le B.L. 113 pages 8 à 13, et s'est terminé sur une nouvelle dramatique : l'annonce par son adjoint Jean de l'arrestation par les Allemands du chef du T.R. Jeune, le Capitaine Vellaud alias Toto.

par Elly ROUS

Je ne pouvais m'empêcher de penser que nous n'avions pas besoin de cette catastrophe supplémentaire dans les moments terribles que nous traversions, mais je réussissais à garder pour moi, sans l'exprimer, cette vaine considération qui n'aurait pu que saper notre moral sans rien nous apporter de positif.

 

« Écoute, Jean, bois ton café ; nous allons rapidement voir ce qu'il y a lieu de faire dans l'immédiat puis tu iras te reposer... » « Voulez-vous manger un morceau de pain et de jambon » lui demanda Joucla.

 

« Merci, plus tard ; j'ai un violent mal à la gorge et je ne puis rien avaler, cette boisson chaude me suffit » répondit Jean qui se leva pour aller dans le couloir démonter la selle de son vélo et m'apporter les papiers qu'il avait dissimulés dans son cadre.

 

« Allez dans la chambre, vous serez mieux pour discuter ; pendant ce temps, je rangerai la bicyclette de Jean dans l'abri du jardin, puis je vous appellerai plus tard pour manger la soupe ; en attendant, il faut que j'aille aussi m'occuper de la Perception. J'ai une employée qui doit venir jusqu'à midi et elle s'occupera des clients éventuels ; de toute façon, il n'y a rien à craindre de ce côté-là ; c'est une vieille dame très discrète qui vit seule et qui a toute ma confiance... d'ailleurs, elle ne nous verra pas » expliqua le Percepteur tandis que nous montions au premier étage.

 

A peine assis face à moi dans un vétuste fauteuil Louis XIII, mon ami m'expliqua :« j'ai eu de la chance de trouver à Fangeaux un brave type avec un camion chargé de planches qui revenait de Carcassonne à Pamiers ; il a bien voulu m'amener avec lui. Nous avons été arrêtés et contrôlés pour les papiers d'identité deux fois par les Miliciens. En passant à proximité de Saint-Gauderic, nous avons entendu des coups de feu. Je crois bien qu'il s'agissait d'un engagement entre Fritz et Maquisards. J'ai dit au chauffeur qui était d'origine italienne, mais habite l'Ariège depuis plus de trente ans, que j'étais un grand malade des poumons rapatrié d'Allemagne et que j'allais voir un parent hospitalisé à Pamiers. Il repart demain matin à cinq heures à Carcassonne et veut bien me ramener avec lui ».

 

DES MESSAGES URGENTS

J'observais attentivement Jean tandis qu'il me racontait les péripéties de son voyage. Son visage me paraissait tellement amaigri et fatigué que j'imaginais sans peine que son histoire pulmonaire avait dû paraître plausible :« Tu as une sacré veine lui dis-je, mais tu as aussi besoin de beaucoup de repos. Dès que tu auras mangé ta soupe, tu viendras dormir ici tout l'après-midi ; moi, j'irai écrire dans la cuisine en bas ; pour le moment, parons au plus pressé. J'ai des notes à mettre à jour, du courrier à terminer.

 

Nous allons préparer les télégrammes pour Alger et Barcelone et verrons ensuite comment les faire parvenir à Vivian à Lannemezan afin qu'il les passe tout de suite à Caillot (Alger) et Gallois (Cid-Barcelone).

 

Après avoir bien lu et relu « les petits papiers fins » sortis du cadre du vélo, écouté très attentivement les explications et les détails, je rédigeai en clair et, au fur et à mesure, les passais à mon ami pour les coder en utilisant cette fois un code nouveau prévu en cas d'impossibilité d'employer l'ancien. Il avait pour base un planning mis au point à l'aide du fameux roman d'Alexandre Dumas « Les Trois Mousquetaires ». Un nouveau code s'imposait puisque l'ancien était tombé aux mains de l'ennemi. Je prenais tout à coup conscience que chaque mot que je traçais et qui allait être transformé en petits groupes de lettre renfermait un fragment du terrible drame qui venait de se jouer :

 

« VENONS D'APPRENDRE DE SOURCE SURE ARRESTATIONS LE 26 EN GARE DE MONTPARNASSE PAR GESTAPO : TOTO - LARVA - HEUSCH DUBUC - CODE MUNICH LARVA APPORTE PAR TOTO ET ARGENT TR. J PRIS IDEM POUR POSTE POLONAIS ET CODE BERLIN IDEM PLAN DACTYLOGRAPHIE ORGANISATION SM-TR APPORTE PAR LALANDE IDEM POUR COPIES DERNIERS MESSAGES TOTO NOMBRE EXACT ARRESTATIONS ENCORE INCONNU GESTAPO EST EN POSSESSION DE VIVIAN... »

 

Je tendais ce premier télégramme à Jean tandis que je poursuivais :

 

« SANS NOUVELLE SUZY - MIREILLE EN VEILLEUSE ET EN SECURITE A PARIS - CHARTIER ET SA FEMME AINSI QUE PIERRETTE ARRETES - APPRENONS AUSSI ARRESTATION LEMAÇON BOITE AUX LETTRES MULLER A LIMOGES...

MULLER ET PAPILLONS SAUFS - PREVENIR RESEAUX INTERESSES MESURES URGENTES - APPORTONS MODIFICATIONS NECESSAIRES FILIERES LIEUX DE RENDEZ-VOUS ET RESIDENCES TENEZ NOUS AU COURANT REPERCUSSIONS NOUS INTERESSANT COMPTEZ TOUJOURS SUR NOUS        B.S.

 

« Pour combien de temps encore » pensais-je en écrivant ces dernières notes. De toute façon, il fallait faire face.

 

Pendant que Jean achevait de coder, je poursuivais la rédaction d'autres télégrammes importants au sujet de contacts politiques, de mouvements de résistance, de passages de frontières de personnalités que nous transmettions à Alger pour rendre service à des groupements amis en difficulté.

 

Les deux messages principaux d'alerte étaient bientôt terminés. Jean me rendit les petites feuilles de papier fin où étaient inscrits les minuscule groupes de lettres dont le décodage annoncerait à nos amis d'El Biar et de  Barcelone l'arrestation de nos camarades.

 

UNE NOUVELLE LIGNE DE CONDUITE

J'expliquai alors à Jean comment je concevais notre planning pour les jours suivants. « Dès demain matin, je vais toucher Vivian à Lannemezan afin qu'il passe d'urgence et en priorité les télégrammes. Il va falloir au préalable, compte tenu des documents et des renseignements pris par la Gestapo qu'il opère de sérieux changements dans ses émissions. Pour le codage, nous sommes passés au deuxième planning, ce qui va m'obliger d'ailleurs à refaire une partie de ce qui avait été fait. Voyons, à présent, si tu es d'accord, comment tu vas procéder pour reprendre ton voyage. « Si tout va bien, tu pars donc demain matin à cinq heures avec ton camionneur à Carcassonne où tu prendras le train pour Nîmes en mettant ton vélo aux bagages et tu te rendras à Aubenas. Attention, recueille très minutieusement tous les renseignements que tu pourras obtenir sur l'affaire de Montparnasse, sans parler au début de ce que tu sais toi-même. Il n'est pas impossible d'imaginer qu'il y a eu une fuite quelque part car, à mon humble avis, il n'est pas pensable que ce coup de filet, mettant fin brusquement et simultanément à un groupe de résistants qui avaient fait leurs preuves, soit uniquement le résultat d'un concours malheureux de circonstances ».

 

Jean acquiesça de la tête « c'est aussi mon opinion, mais comment détecter cette fuite ? »

 

« Il faut que nous nous tenions tous sur nos gardes et ne pas oublier qu'il suffit souvent d'un recoupement, d'un détail pour découvrir la solution d'un problème en apparence insoluble ». Tant qu'on ne saura pas l'origine ou la cause de ces arrestations, il y aura un malaise ». Tu vas donc profiter de cette occasion pour te rendre à Carcassonne, mais si à n'importe quel moment tu vois quelque chose qui ne va pas, tu descends et tu prends ton vélo pour te rendre à une autre gare. Tu as des papiers d'identité qui sont « solides ». Sauf imprévu, tu devrais être de retour à Lannemezan dans une dizaine de jours. Tu verras Biarnais ou Reulet qui te diront à quel endroit me trouver sinon rentre chez Larivière à Vic. Dans le cas où pour une raison quelconque je ne serais plus dans le coup, « tu prendrais la suite avec Vivian et préviendrais Alger. Mets tous tes tuyaux dans le cadre comme d'habitude et ta bicyclette aux bagages ; redouble de prudence. Je vais m'occuper des télégrammes : il ne te reste plus qu'à dormir ici ; je te réveillerai pour la soupe... »

 

Tandis que Jean s'étendait sur mon lit, je ramassais tous mes papiers et descendais à la cuisine sans faire de bruit. Avant de me remettre à écrire, je regardais un instant la porte vitrée qui donnait sur le jardin. A cet instant précis, je ne pus m'empêcher de penser à mon ami Vellaud, le bouillant Toto. au jeune Christian et à tous mes camarades sur le sort desquels, compte tenu des circonstances de leur arrestation et des documents trouvés en leur possession, on ne pouvait trop se faire d'illusion. Je revoyais Toto tel que je l'avais connu à Alger avec sa jovialité et son dynamisme, son besoin intense de foncer, de servir. Je me souvenais tout à coup avec une netteté extraordinaire de cette soirée où prenant brusquement un air grave et insolite, une ombre passa sur son visage quand il murmura « il nous faudra être très prudents » et j'entendais distinctement son éclat de rire sonore quand je lui répondis sur le même ton « oui, papa »... Je pensais à ce message que nous avions transmis, il y a quelques jours à peine de sa part au Commandant Paillole et qui, une fois de plus, reflétait sa débordante activité :

 

« DE T (TOTO) A P (PAILLOLE)... VU MUNICH LE 11 TOUJOURS SPLENDIDE - NE PLUS UTILISER LES ADRESSES HAUTE-VIENNE ET DORDOGNE VU NAVARRE LE 14 - VERRAI VERNEUIL ET LARVA - VERRAI B.S. (BADEN-SAVOIE) LE 19 - SITUATION DIFFICILE MAIS NON COMPROMISE - AVONS DECENTRALISE PARACHUTAGES... »

 

Je ne pouvais effacer de ma mémoire le visage enfantin de ce cher Dubuc - le môme - que nous appelions tour à tour Christian et Marc - mon jeune ami et coéquipier, prototype du vrai gosse de France, intelligent, subtil, railleur, qui s'était vieilli de deux ans pour entrer dans nos services. Je le revoyais transportant sur son porte-bagages la dinde de Noël chez Larivière à Vic, chapardant un vélo aux Fritz et s'installant ostensiblement avec sa valise, qui dissimulait un poste, au milieu des Officiers nazis dans un wagon « réservé aux troupes d'occupation » en les saluant d'un retentissant « Heil Hitler ». Il ne saurait jamais qu'un télégramme d'Alger venait de nous apprendre sa nomination au grade de Sous-lieutenant...

 

J'avais encore sous les yeux ce message d'El Biar (R. 29 ou 25) qui donnait son accord pour son transfert de Baden-Savoie à Larva à Marseille. Je me souvenais comment il avait insisté, malgré mon avis pour aller effectuer la liaison d'Avallard avec Paris. S'il était resté parmi nous, sans doute serait-il encore vivant, mais le Destin hélas en avait décidé autrement... Mektoub !

 

Jusqu'au soir, je poursuivais mon travail en parcourant et en classant des informations de plus en plus nombreuses qu'il me fallait trier, évaluer l'importance, transcrire et qui, en plus de notre propre travail de contre-espionnage, se rapportaient à une grande diversité de renseignements passés par nos postes pour « dépanner » certains groupes de résistants.

 

Il y avait là des affaires assez ténébreuses, comme celle du Comte de Blagny, gendre du Comte de Béarn, des échanges de notes d'Andréa à Fresnay, des problèmes intéressant les M.U.R (Mouvements Unis de Résistance), des courriers du B.C.R.A. de Londres, des demandes de passage, des liaisons organisées pour la Bretagne et la Gascogne, des projets de rassemblement de prisonniers, des réponses aux questions posées par le S.R. de Madrid, des copies d'ordres de Darlan à tous les Préfets pour le ramassage des Juifs et des Espagnols, des comptes rendus d'opérations de la Milice, des renseignements concernant des membres de l’I.S. coupés de tous contacts en France, des décisions de personnalités importantes en provenance de la Suisse, des rapports sur la situation des responsables du journal clandestin « COMBAT »...

 

Il était près de deux heures de l'après-midi quand Joucla descendit à son tour dans la cuisine. Lui aussi avait travaillé quatre heures de suite pour essayer de rattraper le temps qu'il avait passé à nous aider. « Faut-il réveiller Jean pour manger un morceau avec nous » me demanda-t-il en sortant de la cuisinière une grande marmite de soupe aux choux qui flairait bon la couenne mijotée... « Je crois qu'il serait préférable de le laisser dormir - car il est très fatigué et il mangera quand il se réveillera ». « D'accord » me répondit-il, je vais lui mettre sa part au chaud dans le four...

 

Tandis que mon ami se contentait d'un petit carré de fromage, j'avalais une grande assiette de soupe ; « c'est meilleur que les rutabagas et les topinambours » me lança Joucla qui comprenait que mes pensées étaient ailleurs « Vous avez l'air bien préoccupé et je vous comprends après ce que vous venez d'apprendre, mais il nous faut avoir confiance dans l'avenir poursuivit- il comme pour s'excuser.

 

J'AVISE ALGER AVEC L'AIDE D'UN PERCEPTEUR AMI

Je lui expliquai alors à quel point la situation avait défavorablement évolué pour nous et combien il importait à présent de toucher Vivian le plus rapidement possible.

 

J'avais pensé à Simone ou à Gisèle pour effectuer cette liaison, mais Simone avec ses responsabilités d'infirmière et Gisèle avec ses obligations familiales pouvaient difficilement s'absenter deux journées et ceci d'autant plus que leur entourage n'était nullement au courant de leurs activités dans la Résistance.

 

« Pour ce genre de travail, je crois qu'il faudrait mieux que vous utilisiez d'autres personnes » insinua timidement le Percepteur. Il ne fallait pas être grand clerc pour deviner ce que cachait cette insinuation, et je compris tout de suite où il voulait en venir. « Je n'ai pas le choix » répliquai-je. Il s'empressa de saisir la balle au bond. « Je pense que je peux vous rendre ce service, car je devais justement me rendre à la Trésorerie à Toulouse et il me serait facile de prendre le train pour Lannemezan ». Je le regardai en souriant « vous ne savez pas bien mentir... » Il ne put s'empêcher de sourire et poursuivit « vous savez Serra, avec mon allure de Français moyen, mes cheveux blancs, ma carte de Percepteur, ma serviette bourrée de papiers, je crois que je peux passer partout sans éveiller trop de soupçons ».

 

Pris au jeu, je le poussai dans ses derniers retranchements. « Oui, mais tout ceci est bien loin d'être une certitude ». Pour me convaincre, il avança précipitamment d'autres arguments « si vous acceptez, je fermerai mon bureau, seule ma vieille employée viendra deux heures dans l'après-midi, vous serez tranquille pour travailler dans votre chambre, je vous laisserai quelques provisions pour faire votre cuisine, à moins que vous préfériez que Gisèle vienne vous aider ». Je me rendis compte que ce n'était pas une mauvaise solution ;

 

j'acceptai et lui expliquai en détails l'objet de ma mission et la façon dont je considérais qu'elle pouvait être menée à bien. Il s'agissait de rencontrer Vivian qu'il connaissait déjà, le contacter avec précaution, lui remettre les télégrammes codés, attendre les réponses d'Alger et de Barcelone. Le lendemain au plus tard me ramener les documents que lui confierait Vivian et lui indiquer à quelques heures près mon prochain retour à Lannemezan pour le rencontrer. Je n'avais nulle peine à constater alors que le brave Joucla était tout heureux d'être parvenu à ses fins. Je le laissai à sa satisfaction et j'allai poursuivre mon travail. Il était près de dix-sept heures quand, après avoir terminé la mise à jour de mon fichier et replacé « ma boîte en fer » dans le trou du mur du jardin, je me rendis dans la chambre où Jean, affalé de tout son long, était encore endormi. Je le réveillai non sans peine. Il fut étonné d'apprendre qu'il s'était reposé aussi longtemps. Il fit un brin de toilette et descendit à la cuisine où à son tour il mangea de fort bon appétit une assiette de soupe aux choux.

 

Pendant que le Percepteur calculait minutieusement ses horaires de train, je mettais mon ami au courant de ce qui avait été décidé pour prévenir notre radio et toucher Alger. Gisèle passa en coup de vent pour savoir si nous n'avions pas besoin de ses services. J'en profitai pour lui demander de venir m'aider à préparer mon repas du lendemain et nous prîmes rendez-vous pour onze heures.

 

Après un rapide tournoi triangulaire de dominos dont Jean sortit vainqueur, nous allâmes nous coucher. Le Percepteur s'était chargé du réveil à quatre heures. Les quatre coups sonnaient à une église voisine quand il vint doucement me secouer... Jean qui avait beaucoup toussé au cours de la nuit fut plus long à sauter du lit. Sans insister, je lui répétai quelques consignes principales. Il savait ce qu'il avait à faire à son retour dans une dizaine de jours pour me retrouver et ce qu'il devait faire si à mon tour j'avais « disparu de la circulation ».

 

Après la traditionnelle tasse de café dans la cuisine, Joucla accompagna Jean en passant par le jardin afin d'éviter d'éveiller l'attention des voisins, puis revint effectuer ses propres préparatifs de départ. Quant à moi, je n'allais pas me remettre au lit comme me le suggérait mon ami. Je préférais rester avec lui pour discuter encore des détails de son voyage. Il me rejoignit bientôt au sous-sol. Tous les volets étaient fermés et une couverture tendue devant la porte vitrée du jardin empêchait d'apercevoir la moindre lumière. Nous nous assurâmes une dernière fois que tous les télégrammes avaient bien été rangés dans un double carton collé qui recouvrait un dossier parmi d'autres.

 

Joucla n'avait pour bagage que sa serviette de cuir dans laquelle il avait réussi à faire entrer sa petite trousse de toilette. Je lui demandai d'effectuer le même rangement pour le retour. Il était bientôt six heures et demie et son train partait à sept. Il allait lui aussi sortir par le jardin et se rendre à pied à la gare. Il avait calculé qu'il arriverait à midi à Lannemezan et qu'il rentrerait le lendemain à 9 ou à 14 heures. Quelques instants après, il me serrait la main et sortait à son tour. Je lui lançais le mot de Cambronne. Je remontais dans ma chambre pour me replonger clans mes paperasses, mais je ne pouvais me remettre à écrire tellement je me sentais anxieux et accaparé par cette affaire de la gare de Montparnasse. Je décidais de me donner quelques instants de répit et m'affalais dans le fauteuil. Je fermais les yeux, mais ne pouvais m'endormir. L'idée d'une fuite, d'une trahison hantait mon esprit et m'apparaissait de plus en plus vraisemblable. Le peu de circonstances que je connaissais m'incitait à penser que ce coup de filet, cette manœuvre sûre, précise, n'était pas le fait d'un simple hasard, mais le résultat d'une dénonciation ou peut-être d'aveux extorqués par la force à un de nos camarades emprisonnés.

 

Toute la journée se déroula sans incident. La silencieuse employée de la Perception entra et sortit avec la discrétion qui la caractérisait. A midi, je mangeais pour la troisième fois de suite avec le même appétit une assiette de soupe aux choux. Gisèle n'avait pu se rendre libre à onze heures comme elle l'espérait, mais elle vint dans la soirée accompagnée de Simone. Elles me firent réchauffer un morceau de lard avec quelques pommes qu'elles partagèrent avec moi, accompagné d'un grand saladier de laitue du jardin. Quelques instants encore nous jouâmes aux cartes et aux dominos, puis elles rentrèrent chez elles, me promettant de passer le lendemain pour voir si notre ami Joucla était bien rentré.

 

Je fus réveillé la nuit par un bruit de moteur. Je me levais précipitamment et me tenais sur mes gardes. J'allais dans la chambre du Percepteur qui donnait dans la rue et à travers les persiennes, sans allumer et sans ouvrir, j'aperçus une file de camions bâchés qui traversaient la ville et semblaient prendre la direction de Mirepoix. Il me sembla reconnaître dans l'obscurité qu'il s'agissait de camions allemands.

Le calme revenu, je regagnais mon lit et cette fois m'endormis profondément. Le lendemain à mon réveil, je pensais à ce brave Joucla et à la tâche bien délicate que je lui avais confiée. Je savais que je pouvais compter entièrement sur son dévouement, mais il me tardait vraiment de le voir rentrer. Remonté dans ma chambre, après avoir pris une tasse de café, je me remis au travail. A partir de neuf heures, j'écoutais tous les bruits, car il me semblait à chaque instant que mon ami arrivait. Quand dix heures sonnèrent, je dus me rendre à l'évidence et me faire à l'idée qu'il ne pourrait revenir qu'au train de 14 heures.

 

Comme convenu, Gisèle et Simone passèrent vers onze heures. Elles ne me surprirent pas car elles avaient l'habitude de sonner trois fois avant d'ouvrir elles-mêmes la porte de la rue dont elles avaient une clé. Pendant qu'elles s'affairaient dans la cuisine, je reprenais mes occupations. A treize heures mon courrier était enfin terminé ; il se composait d'une trentaine de pages manuscrites sur papier fin, de documents divers, d'articles de journaux découpés et datés. Il contenait également une multitude de demandes et de réponses à des questions diverses, des lettres d'amis, des notes concernant nos postes, des considérations, des conseils pour ceux qui étaient susceptibles de nous rejoindre en France.

 

Ce courrier était enfermé dans une seule enveloppe d'aspect anodin qui devait être récupérée dans quarante huit heures à Pamiers à l'endroit où je me trouvais par une envoyée de Martin qui aurait rencontré la veille Caballé, le responsable de ma filière espagnole à Bourg-Madame. Cette même personne devait simultanément laisser sur place, à mon intention, le courrier en provenance de Cid-Barcelone dans lequel étaient aussi incorporées les notes et les informations en provenance d'Alger.

 

Le courrier de Barcelone était organisé avec la collaboration de Caballé qui l'acheminait vers la frontière à destination de Martin. Cette filière qui avait très bien fonctionné jusqu'ici commençait à présenter quelques petits signes « d'usure » peu perceptibles encore mais que je sentais à travers quelques remarques et réflexions de Caballé, de la Calle Montaner (siège de Cid).

 

Compte tenu des circonstances présentes, il allait falloir nous résigner bientôt à l'abandonner au profit d'acheminements nouveaux bien étudiés. On pouvait constater ainsi que tout s'use, même les filières les plus sûres et que ce qui importait, c'était de savoir s'arrêter à temps sans prendre les risques des conséquences désastreuses que peut avoir une utilisation trop prolongée, surtout si l'on n'a pas su détecter et interpréter les quelques signes avant-coureurs d'un danger. J'étais satisfait d'avoir plusieurs possibilités de solutions de rechange sans toutefois trop me réjouir car il fallait passer par une période de rodage toujours très délicate.

 

J'avais à cet effet prévenu Alger et Cid pour que ce dernier fasse venir Caballé dans une ville espagnole à proximité des Pyrénées Centrales, en vue d'acheminer le courrier par Barbastro ou Serveto.

 

J'avais même expédié un télégramme en ce sens (N.R. 98 W 45-29-7) pour obtenir que Baden-Savoie ait l'exclusivité de la filière Serveto-Barcelone et Barbastro-Barcelone. Une autre voie d'accès était aussi à l'étude : elle partait de la Haute-Garonne et passait par Pueblo de Segur en Espagne. Dans toutes ces questions de filières, le sympathique Tonton (Ramonatxo) qui m'avait accueilli à mon arrivée à Barcelone avec le dynamique Auguste (Larquier) jouait un rôle prépondérant, car il était en rapport avec Caballé et connaissait mieux que quiconque cette partie de l'Espagne et ses habitants.

 

Mes agents de liaison que j'avais pris le soin de sélectionner parfois grâce à des tests personnels passés à leur insu et que j'avais littéralement abreuvés de recommandations et de conseils de toutes sortes, continuaient à accomplir un travail remarquable dont les résultats m'apportaient un précieux réconfort... Pourtant, leur tâche devenait chaque jour plus difficile et plus dangereuse, et il leur fallait beaucoup de sang-froid et une sacrée chance. Pour moi, cette baraka ne faisait que renforcer ma conviction que la réussite n'est pas due au seul Hasard et que notre personnalité et notre comportement peuvent jouer un rôle prépondérant pour attirer ou repousser le « maléfique » ou le « bénéfique ».

 

Anne-Marie, passée à Auch, avait dû descendre vers Maubourguet et Vic­Bigorre puis à Lannemezan pour apporter « nos tuyaux » à Vivian. Germaine, après avoir effectué, plusieurs voyages à Agen, était revenue ensuite à Libos. Raphaël avait fait parvenir à notre radio sa « cueillette » de Bordeaux auprès de By et de Bastrade à La Réole.

 

Il fallait à présent passer de longues heures à sélectionner et à classer la multitude de renseignements qui nous parvenait de toutes parts. Évidemment, nous nous occupions en priorité de notre propre domaine ; celui du contre-espionnage. Par contre, si certaines informations étaient douteuses, périmées ou sans grande valeur, d'autres, mêmes si elles ne nous intéressaient pas directement, nous paraissaient tellement importantes que, dans la mesure du possible, nous nous efforcions d'en faire profiter rapidement ceux qui pouvaient les exploiter efficacement.

 

Il est évident que l'acheminement incessant de toutes ces « cueillettes » disparates de plus en plus nombreuses dressait chaque jour des obstacles terribles et presque insurmontables sur la route de nos valeureux agents qui devaient à la fois redoubler d'activité et de prudence. Gestapo, Police, Milice, moyens de locomotion dangereux et très limités, barrages, contrôles, vérifications de papiers, arrestations intempestives, raffles, fouilles, filtrages de gares, routes coupées, voies déviées ou détruites, fusillades, couvre-feu, opérations de ratissage, perquisitions, dénonciations, patrouilles, sentinelles, trains interdits ou supprimés, retards, autocars stoppés, surveillances, filatures, « moutons » introduits çà et là, descentes et incursions de faux maquisards, maquis espagnols et étrangers, bandes autonomes...

 

Comme à nous-mêmes, rien ne leur était épargné, et chaque mission quelle que soit la minutie de sa préparation, voyait se multiplier les dangers qui la menaçaient. Il était nécessaire de plus en plus que nos porteurs et nos porteuses de messages possèdent une dose exceptionnelle de volonté, de courage, de confiance en soi, de maîtrise pour entreprendre un voyage qui avait de nombreuses chances d'être chaque fois le dernier... et pourtant, nos messages arrivaient, nos courriers passaient, nos renseignements parvenaient à destination.

 

MISSION REMPLIE - LA RÉACTION D'ALGER - D.S.M.

J'étais tellement absorbé par cette réconfortante conclusion que je sursautais quand tout à coup j'entendis trois coups de sonnette... Nul doute, c'était bien mon agent de liaison improvisé qui était de retour.

 

Comme mû par un ressort, je dégringolai les marches de l'escalier et me retrouvai dans le couloir auprès de Joucla qui refermait soigneusement la porte derrière lui et m'annonçait en souriant « Mission accomplie »...

 

J'avais à peine le temps de le remercier et de le féliciter qu'il ajoutait « Oui, tout s'est bien passé et je vais vous donner plus de détails ». Nous descendîmes à la cuisine. Sachant parfaitement ce qui m'intéressait en priorité, mon ami, toujours aussi délicat allait volontairement laisser de côté les péripéties du trajet pour entrer tout de suite dans le vif du sujet.

 

« Je me suis rendu chez Reulet à Lannemezan qui est allé lui-même me chercher Vivian auquel j'ai appris tout ce que je savais en lui remettant les télégrammes. Votre radio a eu l'air très affecté par les arrestations de Paris, mais il s'est efforcé, je l'ai bien senti, de ne pas trop le laisser paraître ». « C'est un coup dur » a-t-il dit simplement, puis il a ajouté « quelle poisse pour ce pauvre Christian qui a voulu aller à Marseille chez Larva ; s'il m'avait écouté, il serait encore avec nous... Il va falloir que je modifie très sérieusement le déroulement de mes émissions et que j'envisage tout de suite avec Caillot (Alger) ce qu'il y a lieu de faire ». Puis, il m'a raconté que son passage par Tarbes avait failli être catastrophique ; il y avait des barrages, des coups de feu, finalement il s'est retrouvé à Soues et a repris la nationale à Barbazan jusqu'à Tournay. Il est ensuite remonté à Galan pour gagner le plateau (Lannemezan) par le Nord. Il a été bien inspiré, car il a appris par la suite que « ça chauffait » particulièrement ce jour-là dans la rampe de Capvern ou un maquis avait accroché un détachement allemand...

 

« J'ai là dans ma serviette poursuivit Joucla les documents que vous adresse Vivian. Je les ai dissimulés comme à l'aller dans la couverture d'un dossier. Ma carte d'identité de Percepteur m'a été très utile lors d'une vérification de papiers en gare de Toulouse ». Tandis qu'il me parlait, il sortait de sa serviette un grand dossier et découvrait entre deux lamelles de carton une enveloppe qu'il me tendit.

 

« Vous avez à Lannemezan d'excellents amis et de bien braves et courageuses personnes » poursuivit-il. « Ils vous adressent toutes leurs amitiés. Quand Vivian est allé émettre sur Barcelone et Alger, je suis resté chez M. et Mme Reulet qui sont charmants ; j'ai mangé et couché chez eux. Votre radio est revenu dans la soirée m'apporter les réponses d'El Biar que vous trouverez sur une petite feuille verte »... Impatient, j'avais déjà cette petite feuille entre les mains. J'avais hâte de connaître les réactions d'Alger et leurs incidences pour l'avenir de notre mission.

 

Le premier message du Commandant Paillole était ainsi libellé :

 

« SOMMES DESOLES POUR VOS 26 ET 27 (NUMEROS DES MESSAGES CODES). JE VOUS ADRESSE TOUS MES COMPLIMENTS POUR VOTRE CALME ET VOTRE CRAN. ESSAYEZ PRECISER RENSEIGNEMENTS AVEC PRECAUTIONS MAIS RESTEZ S'IL LE FAUT EN SOMMEIL. ROMPEZ TOUT CONTACT AVEC RESTANT RESEAU LARVA TOTO ET MULLER. EMETTEZ STRICT MINIMUM. EN CAS DE DANGER REPLIEZ VOUS SUR CID BARCELONE. PRENEZ EN MAINS PAPILLONS. AFFECTUEUSEMENT P. ».

 

Il était suivi d'un deuxième :

 

« PATRON A B.S. (BADEN-SAVOIE) NOUS VOUS DONNONS LES CONSIGNES SUIVANTES : COUPEZ TOUT CONTACT AVEC LES TR. JEUNE Y COMPRIS ET SURTOUT MUNICH. VOTRE MISSION ACTUELLE EST DE DURER POUR ETRE EN PLACE A NOTRE ARRIVEE. REDUISEZ VOTRE ACTIVITE AU MAXIMUM. RESTEZ A L'ECOUTE. NOUS VOUS TIENDRONS AU COURANT. AMITIES A TOUS. CAILLOT

et il ajoutait :« CE FAINEANT DE RIQUET VOUS EMBRASSE » (1).

 

Un troisième message nous demandait de :

 

« DIRE A MULLER DE SE PLANQUER LE PLUS PRES POSSIBLE DE LA REGION COTIERE ET DE SE REVEILLER EN TEMPS OPPORTUN COMME PRECURSEUR WW et nous recommandait « DE NE TRAVAILLER EN AUCUN CAS AVEC NOS ANCIENNES BASES ET DE CONTINUER A RESTER EN CONTACT AVEC CID POUR LE C.E. (c'est-à-dire avec Barcelone pour le contre-espionnage).

 

J'avoue que le ton amical de ces télégrammes auquel d'ailleurs nous étions habitués et qui reflétait parfaitement le caractère éminemment humain de notre « Patron » constituait un précieux encouragement et un stimulant dont nous avions bien besoin, mais montrait aussi, en lisant entre les lignes, à quel point notre chef devait considérer que nous étions dans une situation désespérée...

 

Joucla me regardait en silence. « A Alger, tout le monde est toujours très gentil et très compréhensif lui dis-je, car ils savent les dangers que nous courons. Ils nous donnent quelques consignes et nous demandent de redoubler de prudence, au besoin de décrocher, mais cela serait bien difficile maintenant que nous touchons au but et que nous avons des tas d'affaires intéressantes en cours... Il nous faut nous organiser, faire face et poursuivre »...

 

« Je vous comprends très bien Serra, approuva le Percepteur. A votre place j'en ferais autant »... Assis à la table de la cuisine, j'abandonnai un instant la petite feuille verte pour prendre connaissance des autres télégrammes captés par Vivian dans les dernières vingt-quatre heures avant l'arrivée de Joucla à Lannemezan. Certains, hélas, ne présentaient plus d'intérêt. Je constatais que toutes les notes émanant d'El Biar, les mises en garde, les mesures à prendre préconisées n'auraient pu éviter l'affaire de la gare de Montparnasse qui, d'après les dates, était consécutive à une décision qui aurait été prise quelques jours auparavant par Toto.

 

Alger nous demandait de le prévenir « que Dahlia lui faisait dire que de vastes opérations de ratissage étaient imminentes en Dordogne et en Corrèze. Nos patrons d'El Biar désiraient qu'il fasse savoir par notre intermédiaire à quelle date il pourrait établir une liaison radio. Il lui apprenait que Dick, l'un de nos agents, avait été arrêté à Paris. Il lui interdisait de prendre contact avec Munich et lui conseillait vivement de se replier sur Barcelone si la situation devenait trop critique. Enfin, Toto et Larva étaient avisés qu'il fallait laisser « le Chasseur » (pseudo d'un camarade d'un réseau similaire au nôtre) (2) à la disposition du Capitaine Daubray (Cid-Barcelone).

 

Nous apprenions aussi qu'une très grande opération allait être déclenchée contre les maquis de Limoges, Thiviers, Tulle à laquelle devaient participer 4.000 gardes et G.M.R., 1.000 miliciens et un régiment allemand. El Biar nous demandait si éventuellement nous pourrions donner des renseignements sur l'équipage d'un quadrimoteur Halifax perdu dans la nuit du 26 au 27 sur l'itinéraire « Cap Leucate ».

 

Au sujet de notre financement, réduit à sa plus simple expression, Alger nous faisait savoir que nous allions recevoir un peu d'argent par l'intermédiaire de Cid-Barcelone. On nous autorisait, en attendant, si nous en avions la possibilité, à emprunter à 3% auprès d'amis sûrs, ce que hélas j'avais été dans l'obligation de faire depuis plusieurs mois sans garantir le moindre intérêt.

 

Dans une autre enveloppe se trouvaient plusieurs télégrammes qui ne nous concernaient pas et que nous devions faire parvenir à leurs destinataires le plus rapidement possible.

 

Il y avait aussi des messages de « FRESNAY à ANDREA » au sujet de la constitution à Alger de groupements d'anciens prisonniers, des réponses à des contacts pris par Toto (avec Delestrade), un ensemble de notes concernant des courriers : FRESNAY - BARRES - BARRIOZ, ainsi que les courriers de Bretagne n° 1 et 2. Je trouvais également une demande de renseignements C.E. concernant plusieurs personnes de notre région, des tuyaux divers sur un passage et à ce sujet une recommandation nous rappelant qu'il ne fallait utiliser la filière MONIQUE, celle par laquelle était passée la jeune fille du Général GIRAUD et « Querigut-Toubib », que pour des cas vraiment urgents.

 

Au point de vue technique, Caillot demandait à Vivian :

 

« DE NE PLUS UTILISER SES QRX  EN CLAIR ET D'EMPLOYER LE SYSTEME QUI CONSISTAIT A AJOUTER LE NOMBRE 3 AU NOMBRE INDIQUANT LE JOUR ET 4 1/2 A CELUI QUI INDIQUAIT L'HEURE ».

 

Je trouvais encore quelques messages dont le sens nous échappait, mais que nous transmettions pour « dépanner » d'autres réseaux. J'appris plus tard que certains étaient d'une importance capitale. Il y en avait notamment un qui stipulait cette fois :

 

« DE FRESNAY A CHEURLETS SARRAZAC VIA ANDREA LAVARENDE : OPERATION AERIENNE DEMANDEE IMPOSSIBLE A REALISER IMME­DIATEMENT CAR NOUS NE POUVONS DISPOSER ESCADRILLE QU'AVEC LE CONSENTEMENT ALLIE. ESPERE BIENTOT OBTENIR DISPOSITION DE PLUSIEURS APPAREILS. ENTREPRENDRONS PROCHAINEMENT ACTION RADIO CONTRE MILICE »...

 

(1) Riquet (Benet) était l'un de mes compatriotes. Il était l'adjoint du Capitaine Caillot, Chef des Transmissions à El Biar qui, même dans les circonstances les plus tragiques, ne manquait pas de donner libre cours à son humour et à ses facéties.

(2) De Gasquet.

 

 

 

 
Début / Suite / Haut de page
 

 

Article paru dans le Bulletin N° 115

Dépot légal - Copyright

Enregistrer pour lecture hors connexion.

Toute exploitation, de toute nature, sans accords préalables, pourra faire l'objet de poursuites.

Lire l'Article L. 122-4 du Code de la propriété intellectuelle. - Code non exclusif des autres Droits et dispositions légales....