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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
DE TUDESQ A ALSFASSER - DEUX HÉROS DES SERVICES SPÉCIAUX
 

Notre valeureux camarade, le contrôleur général de la Police Nationale TUDESQ expose ci-après les circonstances qui l'amenèrent à démissionner de ses fonctions en août 1943. Il expose ensuite l'attentat dont il fut victime alors qu'il se rendait à Toulouse pour neutraliser les méfaits d'un intendant de police. Ce fut ALSFASSER qui reprit cette mission et paya de sa vie à Ramatuelle en novembre 1943 son héroïque courage.

par le Contrôleur général de la police nationale TUDESQ

L'envahisseur hitlérien occupait la totalité de notre pays.

 

« Le 4 décembre 1942 je fus nommé chef de la IXe brigade de Police Mobile à Marseille. J'avais sous mes ordres :

1°. La section judiciaire ;

2°. La section politique ;

3°. La section économique ;

4°. La surveillance du territoire commandée par le commissaire Léon THEUS.

 

Lorsque je recevais des renseignements concernant les patriotes résistants et l'ordre de procéder à leur arrestation, j'avertissais d'abord le commissaire L. THEUS qui pouvait les prévenir. Une heure après j'informais la section politique. Résultats : recherches infructueuses.

Ici prend place un fait qui mérite d'être signalé. Je dus un jour convoquer Mme THEUS pour lui faire savoir que son mari était recherché par la Gestapo. Rien d'étonnant car la section politique comprenait plusieurs inspecteurs dont certains n'étaient pas hostiles à la manière vichyssoise. Au reste ce sont eux qui neutralisèrent deux résistants dont un avait placé une bombe sur la voie ferrée en banlieue de Marseille, ligne que devait emprunter un convoi de permissionnaires ennemis, et l'autre était accusé d'avoir fait sauter des véhicules allemands à Nîmes. Incarcérés dans une prison française ils furent réclamés par la Gestapo. Ma conscience m'interdisait de couvrir ces agissements et le 7 août 1943 je donnais ma démission en ces termes :

 

Le commissaire principal TUDESQ, Chef de la 9e brigade régionale

à M. le Secrétaire Général à la Police, Vichy.

Jacques CASSONE, de nationalité française, arrêté par notre service, vient d'être livré aux autorités allemandes.

Le même sort attend sans doute Jacques DAMIANI.

La remise à la Gestapo de français, arrêtés et interrogés par nous, fait des policiers français les pourvoyeurs des pelotons d'exécution allemands.

Je ne puis l'accepter.

La police française, j'en ai la conviction profonde a, à ce sujet, les mêmes sentiments que moi ; à l'exception de quelques égarés.

J'ai donc l'honneur de vous faire connaître que je n'assume plus à compter de ce jour la direction de la 9e brigade de Police de Sûreté.

Signé : TUDESQ.

 

Je devins dès lors « clandestin » et chef de la 9e section du réseau AJAX à Marseille. Mes chefs étaient Achille PERETTI et Louis DUBOIS en résidence à Lyon où la Résistance me confia une très délicate mission à remplir à Toulouse. Les circonstances, ne pouvant même à l'heure actuelle être qualifiées,en empêchèrent l'accomplissement.

 

Ce que je n'avais pas réussi fut exécuté au mois d'octobre 1943 par ALSFASSER du réseau SSM/F/TR qui, malheureusement, laissa sa vie à Ramatuelle, tué par les hitlériens.

 

Donc, le 8 septembre 1943, à Lyon-Perrache, je pris le train de nuit en direction de Toulouse. Assis dans un compartiment de wagon mixte (1re-2e classe) où se trouvaient déjà plusieurs voyageurs, tout semblait normal. Vers minuit, contrôle d'identité effectué par des civils allemands. Peu après, gagné par la fatigue, je m'endormis. Soudain le convoi s'immobilisa. Nous étions à Orange. Réveillé en sursaut, j'entendis quelques mots impératifs. N'ayant pas compris je me suis levé. Face à moi un soldat allemand, lampe électrique fixée à la vareuse et mitraillette au poing. Je voulus écarter l'arme... puis plus rien. L'allemand m'avait froidement abattu. Les autres voyageurs réveillés par le coup de feu me virent tomber hors du compartiment. Une dame, alsacienne, entendit un deuxième militaire resté au dehors à hauteur du wagon s'écrier en allemand : « Qu'as-tu-fait ? » « J'ai tiré », répondit le premier. Et tous deux me traînèrent sans ménagement jusque sur le trottoir. Une sentinelle allemande a empêché toute personne de m'approcher. Dans une semi léthargie, j'ai souvenance d'avoir été interrogé en italien par un gardien de la paix. Je voulus répondre ; ce fut impossible. Transporté à l'hôpital d'Orange, le Dr ARNAUD, chirurgien, après examen déclara :« Il en a pour 24 heures ». Plus tard, il rédigea un certificat mentionnant ma blessure. Conclusion :« plaie causée par un projectile d'arme à feu. Les lésions importantes doivent faire craindre, dès l'arrivée du blessé, une hémiplégie droite avec aphasie et qui ne régresseront pas »...

 

Le P' PAILLAS appelé en consultation me fit transporter à Marseille. Admis à son service, je fus trépané. C'est lui qui pratiqua l'intervention chirurgicale assisté des Dr. Gilbert ARNAUD venu d'Orange et DUPLAY.

Chose curieuse, quoique étant sous anesthésie, j'entendis tous les propos échangés dans la salle et me souviens de l'exclamation admirative du Dr ARNAUD voyant le succès de l'opération : « Bravo Docteur »...

Sérieusement atteint, hémiplégique, la responsabilité du 9e secteur d'Ajax passait à l'inspecteur Maurice LACARRIERE de la Surveillance du Territoire.

 

Nous saluons la dignité professionnelle de notre camarade TUDESQ et sa haute conscience de patriote et résistant. Son attitude exemplaire en 1943 fait honneur à ce grand policier; elle honore le corps de la Police tout entier. Chargée d'une mission écrasante et difficile pendant l'occupation, la police sut, dans son ensemble, concilier admirablement son devoir civique et national. Le réseau SSM/F/TR n'eut pas de meilleur appui, ni de plus précieux auxiliaire. En publiant ces émouvantes lignes de notre camarade TUDESQ, nous lui rendons hommage, bien sûr, mais nous rendons hommage aussi à tous nos camarades qui surent risquer leur carrière et leur vie pour rester de bons et vrais français en toutes circonstances.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 112

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