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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
LES DERNIERS JOURS D'ANDRÉ AUFRANC
 

Le 12 décembre 1943, victime d'une trahison, l'adjudant André AUFRANC est arrêté en gare de Roanne en même temps que son chef, le capitaine MERCIER du TR ancien (Camélia).

Tous deux résistent héroïquement à la torture. Ils ne parlent pas. Ils sont déportés.

 

L'un des compagnons de misère d'AUFRANC, le commissaire divisionnaire GERMANEAU, nous fait le récit bouleversant de leur rencontre et leur exis­tence au camp de Mauthausen, en Autriche, où AUFRANC trouvera la mort.

par le Commissaire divisionnaire GERMANEAU

« Nous nous étions connus à Limoges au début de 1943. J'étais inspecteur de police et dirigeais un groupe de résistance. Je lui fournissais des renseignements sur le PPF, les miliciens, les Allemands. A partir de décembre 1943, AUFRANC n'est plus venu à notre rendez-vous habituel. J'en ai conclu qu'il lui était arrivé quelque chose, sans pouvoir remonter sa filière, car il était discret.

 

A mon tour le 31 janvier 1944 j'ai été arrêté par la Gestapo et embarqué pour l'Allemagne, en avril 1944, après avoir subi les pires sévices.

 

Arrivé dans l'enfer de Mauthausen, je suis tondu, rasé des pieds à la tête. Alignés sur cinq rangs, une gamelle à la main, nous sommes méconnaissables dans nos tenues de forçats. Je n'ai pas mangé depuis trois jours. J’attends, hébété, la distribution de la soupe. Je suis tiré de mon abrutissement par le timbre d'une voix tout à côté. Je vois un homme âgé dont les poils qui lui restent sont blancs. Il y a plus d'une heure que nous sommes l'un à côté de l'autre, debout. Je détaille son visage. Le nez et le menton me rappellent quelqu'un... c'est AUFRANC ! Je me nomme. Il me reconnaît à son tour et, à voix basse (il est interdit de parler), nous échangeons quelques mots. Il semble qu'il ait fait partie du même convoi que moi, mais il est déjà affecté à un travail.

 

Tout au long des jours il va veiller sur moi. Nous sommes aux cuisines. J'épluche des légumes. Je suis de plus en plus malade. Sans doute pour me guérir le SS qui nous garde me met au terrassement. Je souffre mille maux.

 

Le soir quand je rentre, AUFRANC tente de me réconforter. Il m'apporte ce qu'il a pu récupérer. Je sens ma fin toute proche. Un matin, à l'appel, je m'évanouis. Je ne peux plus respirer. Avec un inlassable dévouement AUFRANC veille sur moi. Pour me soutenir il vole la nourriture réservée aux SS. Ma santé s'altère encore, au point qu'un jour les Allemands me retirent les vêtements, me jettent dans une camionnette découverte avec d'autres cadavres, et m'acheminent vers le four crématoire... Comment AUFRANC réussira-t-il à me sauver ? Je l'ignore. Je suis là.

 

Lorsque j'ai repris connaissance, j'ai appris avec une infinie tristesse qu'AUFRANC était mort d'épuisement, le 16 août 1944, à Melk. Représailles peut-être ?

 

Je garde le souvenir de cet homme héroïque qui dans des circonstances dramatiques a vraiment montré ce qu'il était. Il faut avoir vécu ce cauchemar pour comprendre combien il est difficile à l'homme ravalé au niveau de la bête de garder sa dignité et de se surpasser pour aider les autres. André AUFRANC fut cet homme ».

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 109

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