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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
A LA ROCHE ESCUDELIER
 

Après avoir parcouru tant bien que mal le parcours escarpé qui mène à la Roi Escudelier, les Congressistes se groupent autour de la plaque fixée un rocher et qui rappelle... " Ici de 1943 à 1944 les Services de C.E. et de Renseignements français, avec l'aide de la Marine Nationale, assurèrent les liaisons entre l'Afrique Française et la Métropole opprimée... "


Le Colonel PAILLOLE évoque alors les circonstances dans lesquelles il fut amené à organiser ces liaisons.


"... Nous voulions des communications purement françaises entre la France l'Afrique Française.
Seule la Marine pouvait réaliser ce voeu.


Je m'adressai en mars 1943 au commandant du fameux sous-marin Casabianca qui s'était évadé de Toulon lors du sabotage de la flotte, et qui venait de réaliser deux opérations clandestines sur les côtes de Corse.


L'HERMINIER, c'était lui, se mit instantanément à notre disposition, et avec le Commandant TRAUTMANN, nous ébauchâmes l'organisation de cette première mission qui devait déposer, ici, sans personne pour les recevoir, CAILLOT, GUILLAUN et BROWN.


Pendant près d'un an, chaque mois, lorsque la nuit était sans lune, nous déposâmes et reprîmes ici les camarades chargés d'exécuter nos missions.


Peu à peu, sur terre, nos réseaux s'organisaient et les réceptions des missions clandestines devenaient méthodiques. L'approche des sous-marins était guidée par radio. Voici RICHEZ qui manoeuvrait les appareils de T.S.F. (Le Colonel PAILLOLE présente RICHEZ à l'assistance qui applaudit).  A l'intérieur des terres la réception initiale se faisait avec l'aide des partisans locaux. Voici DESPAS, voici la famille OTTOU qui hébergea et guida tant de camarades (une ovation salue la famille OTTOU, Achille en tête).


Vous pouvez demander à SEVERE qui fut l'un des passagers de nos " tubes " ses impressions de clandestin : le voici (l'assistance applaudit SEVERE). Il manque DURRMEYER et j'en suis navré !


Ainsi, jusqu'en novembre 1943 nous pûmes alimenter nos réseaux en hommes, en directives, en moyens de toutes sortes, nous pûmes recevoir des évadés, des renseignements, des documents.


Une nuit de novembre 1943, l'ennemi interceptait l'un de nos groupes qui devait embarquer. C'était la fusillade et la mort héroïque d'ALSFASSER que j'évoquais tout à l'heure.


Nous dûmes abandonner ce point de débarquement, et pour plus de sécurité nous reportâmes notre liaison maritime vers les côtes espagnoles, au large de Barcelone.


A vrai dire depuis plusieurs semaines déjà, nous faisions étudier par Auguste LARQUIER, ici présent (la foule applaudit LARQUIER) les possibilités de débarquement à côté de Barcelone et, dès le mois de décembre 1943, nous pouvions reprendre nos liaisons purement françaises.


Le Commandant DOUCE, que voici, commandait le sous-marin qui, précisément a effectué plusieurs liaisons avec Barcelone. Il vous dira, mieux que moi, les problèmes qu'il avait à résoudre. Mais avant de lui passer la parole, je tiens au travers de sa personne à rendre hommage aux officiers et équipages sous-mariniers, qui, en toute circonstances, secondèrent nos efforts, surmontèrent tous les obstacles pour nous permettre d'assurer notre mission. Jamais je n'ai essuyé de leur part le moindre refus, ni entendu la moindre objection. Pourtant ce que ces sous-marins avaient à faire n'était ni simple, ni de tout repos.


La première expédition prévue au Logis du Loup, fut, in extremis détournée sur la Roche Escudelier, le Logis du Loup étant occupé par l'ennemi.


Ici vous savez les circonstances tragiques qui mirent fin à nos exploits.
Ailleurs ce fut un sous-marin grenadé par nos propres alliés qui ne revint jamais...
Tels étaient les dangers. Mais les hommes étaient à leur mesure et toutes les missions furent remplies. »


L'assistance applaudit et ovationna le Commandant DOUCE qui commande aujourd'hui la première escadrille de sous-marins. Très simplement, mais très clairement, il explique les conditions dans lesquelles les sous-marins français effectuèrent ces missions spéciales.


" ... Nos bâtiments, c'étaient le " Casabianca ", " La Perle ", " L'Aréthuse ", " Le Protée " qui appartenaient au Commandement opérationnel allié. Leurs déplacements devaient être préparés avec lui. Les conditions de départ étaient tributaires des opérations maritimes, de la clarté lunaire (les débarquements ne pouvaient se faire que par nuit noire), des renseignements que nous possédions sur l'ennemi.


Le sous-marin naviguait de nuit. A l'approche des côtes cette navigation se faisait en demi-plongée. A quelques kilomètres de la côte le bateau se posait sur un fond de sable et attendait la nuit suivante.
Vers une heure du matin il s'approchait sans bruit avec ses seuls moteurs électriques (et en demi-plongée) aussi près que possible de la côte. Il s'arrêtait, mettait à la mer un canot pneumatique et, en fonction des renseignements radios recueillis par les Camarades des Services Spéciaux, prenait contact avec la terre en un point précis convenu avec eux.
Le canot revenait ensuite et le sous-marin rentrait dans les mêmes conditions.


Au large de Barcelone le travail était plus simple, moins dangereux aussi. Un chalutier fretté par Auguste (que je n'avais jamais vu jusqu'à présent) venait à notre rencontre en un point convenu entre nous par radio.
Tout le problème était de ne pas se tromper de chalutier... et de ne pas confondre le chalutier d'Auguste avec les nombreux chalutiers espagnols qui pêchaient au large des côtes... "

 


Le Colonel PAILLOLE reprend une dernière fois la parole :


" ... Avant de terminer je veux évoquer la mémoire des marins de nos services qui sont morts en exécutant leurs missions.
Je pense spécialement à LE HENAFF, à LAVALLEE.


Tous deux avaient pour tâche de mettre sur pied des liaisons marines purement françaises entre la côte bretonne ou vendéenne et l'Angleterre. Tous les deux ont courageusement rempli leurs missions ; LE HENAFF allant jusqu'à faire transformer son visage par un chirurgien pour ne pas être reconnu des siens.


Hélas, victimes de leur patriotisme intrépide, ils furent arrêtés et déportés. Ils ne sont jamais revenus... "


L'assistance observe le silence, puis lentement regagne les voitures au travers des rochers...
C'est fini. Déjà !
Dans Ramatuelle, encombré de voitures, c'est le brouhaha du départ.
Devant le Mémorial inondé de la lumière jaune du couchant deux dames prient.

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 35

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