logofb

 

 
 
line decor
Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
line decor
 

 


 
 
 

 
 
PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
HUBERT VORAGE : PRÊTRE ET SOLDAT (4)
 

Plus de mille kilomètres en Jeep.

Nous avons laissé l'Abbé VORAGE au moment où, sa mission en Auvergne terminée, il débarque sur un aérodrome anglais, du Lysander envoyé en France pour le recueillir.

Nous le retrouvons quelques mois plus tard, en Rhénanie, aumônier d'un groupe d'aviation anglais, et nous allons assister à ses efforts pour faire sortir du camp de Mauthausen son jeune ami et compagnon de lutte, Henri, qu'il sauvera d'une mort atroce. Il va nous donner de ce camp et de ses malheureux déportés, tout épuisés de misère et de faim, une image que l'on n'oubliera pas.

Le samedi 4 mai 1945, l'abbé " NORBERT ", Aumônier de la 145 Wing, alors stationnée sur la base de Lingen en Rhénanie, était à l'écoute de la radio suisse.. Il apprit ainsi que les troupes américaines étaient sur le point d'occuper Linz et courut aussitôt chez lord GUINESS, son troisième et dernier Group Captain.

- Sir, dit-il, il me faut aller immédiatement à Linz. Le camp de Mauthausen est tout près de cette ville. J'y ai un ami très cher, un jeune homme qui est un peu comme mon fils. Peut-être arriverai-je à temps pour le sauver.

Le Group Captain mit aussitôt à la disposition de l'abbé NORBERT un Messerschmidt et un pilote, en lui donnant toute liberté de manoeuvre.

Le jeune homme qui agonisait alors dans le camp maudit, c'était HENRI. En disant que celui-ci était pour lui une sorte de fils, l'Abbé n'usait pas d'une image banale.

HENRI était le fils aîné de la fidèle Anna, la gouvernante qui était à son service depuis 1927. Quand cette femme était entrée au presbytère de Beaurières, où elle amenait ses deux enfants, le Curé lui avait promis de pourvoir à leur établissement.

Toute la famille était d'ailleurs bien digne d'intérêt. Le père était mort pour la France à Douaumont, en 1917. Bien doué, le jeune HENRI, qui avait seize ans quand " NORBERT " s'installa à Beaurières, devint très vite une sorte de factotum de son Curé, cumulant les fonctions de chauffeur, mécanicien, opérateur de cinéma, organiste-chantre des cinq églises, imprimeur, jardinier. Très courtois, toujours gracieux, il savait plaire aux amis dit prêtre.

En 1939, le Colonel RIVET le prit pour chauffeur, sachant qu'il pouvait compter sa discrétion autant que sur son intelligent dévouement. Démobilisé en 1940 à Clermont-Ferrand, il était alors entré au service de l'Abbé, en partageant avec lui sa vie de montagnard et de réfractaire, à Borderolles, jusqu'à ce dimanche de juillet 1943 où la Gestapo était venue et avait emmené le disciple, faute de pouvoir s'emparer du maître.

LE CALVAIRE DES DÉPORTÉS

Ce que furent les tristes jours d'HENRI à partir de là, lui-même l'a conté.

Le jour même de son arrestation, il avait été conduit à Vichy par ses tortionnaires et jeté dans la cave à charbon de Geissler, chef de la Gestapo pour la zone Sud, au trop célèbre 127 bis, de l'avenue des États-unis.

Il y demeura trente-six jours. A deux reprise;. on vint l'interroger. A deux reprises, il fut torturé, sans qu'il ne dit rien concernant son patron. Après 36 jours, on le transféra à Moulins, au Château de la Malcoiffée.

La cathédrale était contiguë à sa geôle. Le 15 août, il entendit avec un mélange de joie et de douleur, les chants de la procession du " vécu de Louis XIII ". Quelques jours plus tard, on lui dit que l'Abbé " NORBERT " venait d'être arrêté à la frontière hollandaise. Il éventa la ruse et continua d'opposer un mutisme absolu aux questions de ses tortionnaires.

Ceux-ci ne renoncèrent à le faire parler qu'en janvier 1944. Il fut alors conduit à Compiègne et incorporé à un convoi qui, le 27 de ce mois, partit pour Buchenwald via Trèves. Dès les premiers kilomètres, ce transport fut atroce. Les prisonniers étaient entassés dans des wagons à bestiaux, par groupes de soixante-dix. Des tentatives d'évasion s'étant produites eu cours de route, la répartition des malheureux fut changée et les wagons comptèrent désormais cent vingt hommes chacun... Ils se broyaient les uns - à la recherche d'un " mort-vivant ", les autres, ils ne pouvaient plus respirer. A l'arrivée à Buchenwald, on tira du convoi vingt-sept morts et cinq fous!

- Pour moi, disait HENRI, j'en suis sorti vivant, mais déjà bien affaibli, comme bien vous le pensez. A Buchenwald, on m'a d'abord mis en quarantaine, au bloc 57, puis j'ai été incorporé à un convoi de cinq cents hommes et dirigé sur MAUTHAUSEN. Je ne demeurai pas au camp lui-même. On m'envoya à STEYER, à 50 kilomètres de là, dans un kommando. C'était un kommando de terrassiers.

Tous les matins, il fallait faire cinq kilomètres à pied pour gagner le chantier. On y travaillait dur, toute la journée, et puis, le soir, il fallait faire cinq kilomètres encore pour revenir à Steyer.

Sur la nourriture que nous trouvions en rentrant, je n'ai rien à vous apprendre que vous ne sachiez déjà: un liquide saumâtre où nageaient quelques feuilles de chou et qu'on appellait abusivement de la soupe.

Un mois avant la Libération, le kommando fut replié de Steyer sur GUSEN, à deux kilomètres de Mauthausen. Les quinze cents hommes qui le composaient étaient si épuisés, qu'un peu plus tard, quand il fallut revenir au camp lui-même, vingt d'entre eux ne purent supporter cette marche d'une demi lieue et moururent.

Le 4 mai, des chasseurs U.S. survolèrent le camp. Les SS qui le gardaient s'embarquèrent alors dans des camions de la Croix-Rouge pour aller prendre le maquis dans le Tyrol. Ils furent remplacés par le " Volksturm ", police viennoise, qui devait déposer les armes le lendemain même, à l'arrivée du premier char américain.

SON UNIQUE MESSAGE

C'est ce même 4 mai, que l'oncle " NORBERT ", apprenant par la Radio la libération imminente de Mauthausen, décidait de se rendre au camp. On pense bien que ce n'était pas la première tentative qu'il faisait pour venir au secours d'HENRI.

En 1943, dès son premier voyage à Londres, il avait fait appel à " l'oncle TOM " qui, au nom de l'I.S., assurait la liaison avec le S.R. français. Celui-ci, qui connaissait le jeune homme, avait promis de ne rien négliger.

Au mois de mars 1944, alors qu'il était à Perranporth, l'Abbé avait été convoqué d'urgence par " l'oncle TOM ". Il s'y était rendu par le train de nuit. Dans le bureau de son vieil ami, il s'était trouvé en présence d'un jeune homme que " l'oncle TOM " lui présenta.

- C'est le Capitaine Philippe KUHNE, dit-il. Il est d'origine hollandaise. Ce soir, il prendra un avion qui le parachutera en France, aux environs de Corbeil. Par lui, nous pourrons avoir des nouvelles d'HENRI, ...peut-être.

Mon cher Abbé, rédigez-moi tout de suite une lettre qui soit bien anodine et bien familiale. Demain Philippe ira la porter à Beaurières. Nous aurons sans doute des nouvelles d'HENRI le soir même.

Ce que fut l'expédition du capitaine KUHNE au village, nous ne le sûmes que bien plus tard.

Le Père BERGER, qui assurait l'intérim de l'Abbé " NORBERT " dans ses paroisses, était en train de prendre son petit déjeuner en compagnie de René, le frère aîné d'HENRI, quand se présenta l'étrange visiteur qui, dès l'abord, suscita leur commune méfiance.

- Je vous apporte des nouvelles de Lucien, disait l'étranger.

- Lucien ? Quel Lucien ? Nous ne connaissons pas de Lucien, firent deux voix en un duo bien accordé.

KUHNE insistait, exhibait sa lettre. Le Père BERGER s'obstinait dans ses dénégations, hochait la tête:

- Comprends pas... connais pas.

KUHNE s'adressa alors directement à René:

- C'est vous le frère de Baptiste ?

René se mit à trembler comme un coupable:

- Baptiste ? Je n'ai pas de frère qui s'appelle Baptiste.

Alors KUHNE mit cartes sur table :

- Messieurs, hier soir, j'étais encore à Londres. J'y ai dîné avec le " Grand ", oui, avec " NORBERT ". Il est très inquiet. Il veut être rassuré sur le sort d'HENRI. Oui ou non, avez-vous des nouvelles ?

Les deux autres quittèrent alors toute crainte, et montrèrent au capitaine le seul message qu'ils eussent reçu depuis longtemps: " Mauthausen, matricule F.53.936. - Santé et moral excellents. "

 

De sa poche, Philippe KUHNE tira alors son " piano ", le brancha sur le circuit, appela Londres. A 10 h. 45, dans le bureau de " l'oncle TOM ", l'Abbé " NORBERT " recevait communication du message d'HENRI :

- C'est bien peu de chose, dit-il. Du moins, est-il en vie. Et il grava dans sa mémoire le matricule F.53.936.

C'est ainsi qu'il avait pu, en ce 4 mai 1945, réagir si vivement à l'annonce entendue à la radio suisse et réclamer du Group Captain GUINESS l'avion que cet homme généreux et prompt lui avait immédiatement accordé.

Il fallait toutefois organiser le voyage, dessiner sur la carte le survol de l'Allemagne du Nord, celui de l'Autriche, déterminer l'endroit où aurait lieu l'atterrissage. Le plan ne fut prêt que le lendemain, à cinq heures de l'après-midi.

Quand l'Aumônier revint auprès du Group Captain pour prendre congé, une terrible déception l'attendait: en raison de l'imminente capitulation allemande, Eisenhower avait interdit à tout avion militaire de survoler les théâtres d'opérations. " NORBERT " était au désespoir :

- Je ferai le chemin à pied, s'il le faut, dit-il. Mais je pars. Le Group Captain, lui, gardait tout son calme :

- Pourquoi à pied, Monsieur l'Aumônier ? Vous pouvez choisir le véhicule que vous voudrez. Ils sont tous à votre disposition, tous, excepté l'avion.

L'Abbé réquisitionna la plus belle jeep sur laquelle furent chargés des bidons d'es­sence, une valise de vêtements et des provisions de bouche. Il requit un chauffeur français et, le lundi matin, l'équipage se mettait en route vers l'Autriche.

Il y avait mille soixante kilomètres à parcourir, par Paderborn, Cassel, Nuremberg, Ratisbonne. A neuf heures du soir, on en avait déjà parcouru neuf cent soixante. Aux approches de Passau, il fallut s'arrêter. On atteignait la zone des suprêmes combats.

Tout brûlait. Les mitrailleuses américaines crachaient leurs balles sans répit dans toutes les directions. Dans un village voisin, l'Abbé " NORBERT " alla frapper à la porte du presbytère. Le curé, effrayé, mit à sa disposition les deux chambres qu'il lui réclamait. Après une nuit qui fut très courte, les voyageurs repartirent. Les mitrailleuses s'étaient tues.

Mais les convois militaires circulaient en tous sens, et il était très difficile d'avancer. L'équipage n'atteignit Passau que vers onze heures. Quand on eut passé le pont qui surplombe l'Inn, près du confluent de ce fleuve avec le Danube, il restait soixante kilomètres encore à parcourir.

TROIS "FANTOMES" EN PYJAMA RAYÉ

La jeep s'engagea sur un plateau où " NORBERT " allait se trouver devant un des spectacles les plus hallucinants qu'il eût jamais vus. Il en fit un jour le récit :

- Nous n'avancions qu'avec peine. Les camions qui nous croisaient ou qui nous dépassaient soulevaient d'énormes tourbillons de poussière suffocante. Tout à coup, sur ma droite, je vois surgir trois hommes: C'étaient des squelettes !  Ils marchaient avec une sorte d'automatisme désespéré. Ils étaient nus, car on ne peut appeler vêtement ce qu'ils avaient sur le dos, ce fameux pyjama rayé qui ne cachait plus rien. Il n'était plus qu'une loque. Guenille sur guenille, quoi !

" Je fais stopper la jeep, et je crie: " Eh! les gars !  Étes-vous Français ?  Je suis Aumônier. Que puis-je faire pour vous ? " Ils s'arrêtèrent. J'essayai de rencontrer leur regard. vers moi, mais ils ne me voyaient pas. C'étaient de vrais fantômes.

- ils m'expliquent alors que l'avant-veille, le samedi, quand les avions U.S. ont survolé le camps et que les SS furent partis pour faire place au Volksturm, il y eut une pagaille épouvantable, dont ils ont profité pour s'enfuir. Ils parlent le français avec beaucoup d'aisance. mais cependant, dans leur accent, il y a une trace étrangère.

- " D'où êtes-vous ? " leur dis-je. L'un est Vosgien, l'autre Alsacien, le troisième Sarrois. A tout hasard, je leur demande s'ils connaissent HENRI. Évidemment, ils ne le connaissent pas. Non loin de la route, il y a une ferme. Je la leur désigne: " Il faut aller là, mes amis. Vous y trouverez le repos, un peu de lait aussi, des vêtements peut-être."

Mais ils ne m'écoutaient pas, ils ne me regardaient pas. Ce qu'ils voyaient, de leurs yeux morts, de leurs yeux de fantômes, de leurs yeux de cadavres, c'était la France, la France lointaine.

Ils m'ont dit: " Oh! Monsieur le Curé, n'insistez pas. Ce serait inutile. Nous, on rentre... " et ces malheureux poursuivirent leur hallucinant voyage.

Peu avant Linz, " NORBERT " rencontra un régiment allemand d'artillerie qui battait en retraite avec armes et bagages. L'Aumônier se mit à jouer du klaxon, tandis que son chauffeur accélérait. Le régiment tout entier se rangea, sans montrer aucun geste hostile. Trois kilomètres plus loin, ce fut un cortège de tanks américains.

A Linz, le pont était intact. Dans les rues et sur les places, ce n'étaient que soldats allemands rendant les armes. Les fusils entassés alternaient avec les monceaux de révolvers. On était en pleine Apocalypse.

MAUTHAUSEN : 15 KILOMÈTRES

Et ce fut enfin la route de MAUTHAUSEN. La jeep s'y engagea avec une sorte d'impatience. A quinze kilomètres du camp, nouveau spectacle hallucinant. Sur le bas-côté de la route, trois hommes sont étendus; trois hommes vêtus de l'immonde pyjama à rayures, trois évadés.

Ils étaient sans doute harassés, pour s'être arrêtés là et s'être abandonnés au sommeil. enlacés l'un à l'autre comme des enfants craintifs. La jeep s'arrête, l'Abbé en descend, touche l'épaule du premier: c'est un cadavre ! Cadavre aussi le deuxième, et cadavre le troisième.

Épouvanté, l'Aumônier remonte dans sa voiture, ordonne au chauffeur de repartir et d'aller vite. Quelques kilomètres encore et voici, au milieu de la route, un chariot à foin traîné par quatre chevaux. Il occupe le haut du pavé, la jeep est contrainte de ralentir, de s'arrêter. Le chariot transporte des cadavres entassés, des cadavres nus, la peau trouée par les os, et dont plusieurs perdent leurs entrailles. L'Aumônier interpelle le charretier, une espèce de brute aux yeux hagards:

- D'où venez-vous?

- De là-haut.

- Où allez-vous?

- En bas.

C'est un dialogue de fous. Mais qui est fou ?  L'homme au chariot ? L'homme à la jeep ? " NORBERT " se demande s'il est encore lui-même, s'il rêve, s'il veille, si quelqu'un ou quelque chose ne va pas surgir pour le rendre à la vie quotidienne.

Enfin voici l'enfer, car il n'y a pas d'autre mot pour désigner ce lieu de mort et de tortures. A droite et à gauche de l'entrée, se développent deux murailles gigantesques, hautes de 40 mètres, épaisses de quatre. Devant, il y a une sorte de plateforme sur laquelle circulent des hommes et des femmes.

L'Abbé gravit un escalier, s'arrête à mi palier où un écriteau indique: " Gouverneur militaire ". Obtenir une audience, il n'y faut pas songer: le Gouverneur est en conférence. " NORBERT " aborde un civil, un médecin belge qui est prisonnier lui-même depuis un an:

- Ah! monsieur l'Aumônier, s'écrie le docteur, vous ne savez donc pas qu'il est interdit, sous peine de mort, de pénétrer dans le camp ?

Et comme " NORBERT " lui confie la raison de son voyage, il s'écrie:

- Hélas ! Je crois qu'il faut laisser là tout espoir. Il est sorti d'ici plus de cent mille cadavres. Pensez donc ! trois cents morts par jour !  Il y a un an que je suis ici. j'ai honte de rentrer chez moi. Je suis l'un des dix-huit survivants sur les mille déportés que comptait mon convoi.

L'Abbé est atterré. Le médecin lui dit encore qu'il existe çà et là des listes funèbres clandestines, soigneusement cachées par les déportés. Que lui-même a soigné les déportés français.

Qu'il n’a jamais entendu prononcer le nom d’HENRI.

M… Faut-il vraiment renoncer ?  Tandis que se poursuit le dialogue, une grosse voiture toute couverte de grande, croix rouges s'est arrêtée au pied de l'escalier. Trois personnages graves, imposants, en descendent. Ce sont des délégués officiels de la Croix-Rouge de Genève munis d'une autorisation spéciale d'Eisenhower. Obtenir la permission d'entrer dans le camp est pour eux l'affaire d'un instant. " NORBERT " se précipite vers eux, les supplie de lui permettre de les accompagner. Ils refusent, tout en s'excusant de leur sévérité. Tout cela est tellement horrible, tellement loin des normes humaines ! Il insiste tellement qu'ils finissent par dire: " Eh bien, oui! Mais à vos risques et périls ! "

La porte s'ouvre. Voici les trois hommes dans le camp, suivis par l'Aumônier. Quel spectacle ! A gauche et à droite, l'énorme muraille continue sa course, effrayante, infranchissable, tellement haute qu'elle bouche l'horizon; de loin en loin, elle est surmontée de miradors.

Devant lui, l'Abbé " NORBERT " trouve d'abord une sorte de cour cimentée, longue de deux à trois cents mètres. Il s'y avance. Au bout de cinquante pas, il bute sur un groupe de prisonniers en pyjama, couchés à même le sol. Il les interpelle en plusieurs langues. Pas un ne lève la tête, pas un ne répond. Une moitié, au moins de cadavres. Les autres râlent.

Un peu plus loin, voici un second groupe, où son interpellation provoque quelques signes de vie, mais pas de réponse véritable. Un troisième groupe enfin, cinquante mètres plus loin, réagit véritablement. Deux jeunes Français se dressent, squelettiques :

- Bravo ! Un Officier français ! Comment ça va à Paris ?  Alors, c'est vraiment la Victoire ?

L'Abbé abrège ces effusions pour parler d'HENRI.

- Nous ne connaissons personne de ce nom, disent-ils. Mais on commence à se rassembler par pays. Pour les Français, c'est le bloc 86. On y va. On va demander aux copains.

Dans notre prochain numéro : la fin de cet émouvant récit

 

 

 

 
Début / Suite / Haut de page
 

 

Article paru dans le Bulletin N° 31

Dépot légal - Copyright

Enregistrer pour lecture hors connexion.

Toute exploitation, de toute nature, sans accords préalables, pourra faire l'objet de poursuites.

Lire l'Article L. 122-4 du Code de la propriété intellectuelle. - Code non exclusif des autres Droits et dispositions légales....