Annexe de l'ouvrage " La Résistance...Pourquoi ? " - Emmanuel HANDRICH – L'HARMATTAN 2006

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par Emmanuel HANDRICH 

ANNEXE 1 EMMANUEL HANDRICH ET LES GROUPES ET RESEAUX DE RESISTANCE : SR, officiel, camouflé et clandestin, GROUPE JACQUES MESSNER, RESEAU MARCO / KLEBER

Emmanuel Handrich a été un pionnier de la résistance intérieure. Pendant la drôle de guerre, il fut l'intime collaborateur du colonel Rivet (1), chef du SR (Service de Renseignement) et du contre-espionnage, à qui il avait été recommandé par un cousin, le général Koeltz.

Bien que non mobilisable Emmanuel Handrich avait souhaité s'engager pour la durée de la guerre. Afin d'utiliser au mieux ses compétences, le général Koeltz lui avait conseillé cette fonction d'interprète. Le colonel Rivet avait, comme Emmanuel Handrich, une connaissance profonde de l'Allemagne et de l'hitlérisme. Il avait été attaché militaire à Berlin.

Cela contribue à expliquer leurs relations très personnelles. Emmanuel Handrich avait été affecté au 5 ème bureau de l'EMA (mutation du 2ème bureau en cas de guerre) le 1er septembre 1939.

Démobilisé, il reprendra ses cours, mais continuera de travailler avec le colonel Rivet qu'il rencontrera au rythme d'un déjeuner hebdomadaire le samedi.

Pendant la phase ultime de l'exode, Emmanuel Handrich avait rejoint sa famille à Meyrueis, Lozère, où il avait retrouvé son jeune élève Pierre Rimey, avec sa famille. Ensemble, ils avaient entendu l'appel du Général de Gaulle, le 18 juin et dès le 25 s'étaient révoltés contre l'armistice. Ils avaient alors envisagé de rejoindre Londres par l'Espagne. Ayant appris les arrestations et internements en Espagne, ils renoncent à ce passage. Emmanuel Handrich et sa famille rentrent à Paris.

Sur la proposition de Nelly Hugot, une de ses anciennes élèves, professeur d'allemand au lycée de Troyes où il avait commencé sa carrière de professeur agrégé d'allemand, Emmanuel Handrich juge utile pour l'avenir de ses activités de résistance, d'accepter cette proposition, et d'être interprète entre la préfecture et les Allemands, avec un objectif : la pénétration. « Pour mon travail ultérieur, il ne pouvait y avoir meilleure entrée en matière» écrira-t-il. Par la suite il crée avec Pierre Rimey un groupe de résistance connu sous le nom de « Jacques Messner ». En 1941 il compte cinq ou six membres actifs, qui se réunissent fréquemment 36 rue de Varenne à Paris, domicile d'Emmanuel Handrich. Au début de ses souvenirs intitulés « la Résistance.... pourquoi ? », il précise qu'il est toujours sous les ordres du colonel Rivet.

Devant une commission militaire, réunie après la guerre, Emmanuel Handrich a indiqué (transcription d'un compte-rendu par Renée Nourry) «que vers le premier septembre 1940, il a rétabli le contact avec Pierre Rimey par Genève, et création par mes soins, amis, et relations personnelles en Suisse, d'un réseau, devenu ultérieurement « Jacques Messner », rallié plus tard à MARCO/KLEBER ». Il indique également dans un document préalable à la rédaction de ses Souvenirs ;« Ici quelques mots sur notre travail clandestin. Pour ma part j'étais depuis le début chargé de recruter nos agents, ce qui n'était pas chose facile dans les premiers temps.

Nous n'étions que cinq ou six au départ. Les affiches allemandes donnant les noms des « espions » français décapités à la hache avaient intimidé certainement quelques jeunes, d'autres par contre ne tardèrent pas à trouver dans cette menace une raison de plus à s'engager dans la lutte, beaucoup avaient été au début contactés par Pierre et mon premier devoir avaient été de les « passer au crible ».

S'ils étaient trop « innocents », trop peu rusés, trop simples malgré une bonne volonté évidente, je leur donnais le bon conseil d'attendre et de veiller avec beaucoup de prudence au bon moral de leur entourage. Et je leur recommandais de ne confier à personne leur désir d'entrer dans la résistance. »

Pierre Rimey est originaire de Luxeuil où résident alors ses parents. Son père est médecin. Lors de son premier passage en Suisse, en 1941 (note d'Emmanuel Handrich), il conclut un accord avec le SR Suisse qui lui facilite le passage en échange de renseignements concernant la Suisse.

Cinq ou six missions annuelles sont effectuées en 1941-1942 . Par la suite à partir de 1943, il sera en contact avec Paul de Seugy, du SR suisse. Ces accords, facilitant les passages, fonctionneront d'une manière ou d'une autre pendant toute la guerre. .....

(1) Voir biographie de Louis RIVET