... " Au nom de l'ASSDN, de l'A.A. de la Légion Etrangère, de l'Amicale de la Légion d'Honneur " Au péril de la vie ", de l'Association d'Entraide des Membres de la Légion d'Honneur, de l'Amicale des Croix de Guerre, de la Fraternelle militaire, de la Fondation de la France Libre et de leurs Présidents respectifs, je viens vous exprimer nos très sincères et attristées condoléances pour le décès de notre " Grand Ancien " et compagnon d'armes.
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Le Cdt. Bernard s'était construit au cours des années de lutte une véritable armure de protection, comme il est de règle pour ceux qui appartiennent et combattent au sein des Services Spéciaux. Armure faite d'extrême rigueur, d'une certaine froideur dùe à la solitude et à un code d'honneur bien particulier, et surtout trempée par le dangereux et permanent combat de l'ombre.
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Dur au mal, c'était un homme d'une grande délicatesse et d'une pudeur extrême; très respectueux des autres et de leur différence, d'une gentillesse naturelle et au coeur immense, modeste, bon vivant appréciant tous les plaisirs de la vie et aimant les partager avec sa famille et ses amis. Marcel, en un mot, était un humaniste.
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Voila une partie de ses états de service que personne ne connaissait ou ne connait réellement, et que j'ai pu reconstituer, au fil des années, ( abusant certes, un peu, de la profonde amitié et de la complicité qui nous unissaient ) :
Le Cdt. Marcel Bernard. " Né le 4/09/1905 à Montréjeau - Haute-Garonne. Études de Droit et de Langues (allemand) à Toulouse, EOR en 1926 - spécialité "renseignement ".
Le Cdt M. Bernard a oeuvré durant près de 40 ans au service de la France au sein des Services Spéciaux français (renseignement-contre-espionnage) et plus particulièrement en protection de la Légion étrangère.
Premières missions de renseignement en 1938 : 2 missions en Algérie au profit de la Légion (1er REI)
En 1939, officier de renseignement à la 3ème DLM (division légère mécanisée).
Combats de Dunkerque en juin 1940. Blessé, porté disparu, recueilli et soigné, il réussit à gagner Londres.
Réalise des missions de contre-espionnage en Hollande, Belgique et Dunkerque.
En 1943, assureur à Perpignan, il rejoint officiellement, avec le grade de capitaine, les services spéciaux (DGSS) au sein du réseau "Coty" (dont il est le chef dans les P.O. - matricule 32.120 - pseudos "Eusèbe" et "Puigt") et du réseau "Noé".
Il appartient également au SRO (Service de Renseignements Opérationnels) du célèbre Capitaine Simoneau ( Colonel qui dirigea, par la suite, le CCI pendant la guerre d'Algérie, et qui fùt, après sa brillante carrière, le Secrétaire général de notre Amicale ).
Arrêté, il s'évade mais continue à être recherché activement. Il use de subterfuges . pour échapper à la Gestapo. Ses missions portent sur du renseignement militaire, l'organisation d'évasions et passages en Espagne et sur des coups de main. Sa zone d'activité s'étend de Port-la-nouvelle à Cerbère, l'Andorre et une partie de l'Ariège.
Il fait plusieurs missions périlleuses en Espagne.
Lors des combats de la libération de Perpignan le 19 Août 1944, il arrête le Major Parthey, Cdt. de la place de Perpignan, fait plusieurs prisonniers et neutralise à la grenade 5 soldats allemands.
De 1945 à 1953, il est assureur à Perpignan, puis de 1953 à 1972, il s'installe à Casablanca au Maroc et dirige un cabinet d'assurances. Durant toute cette période il continue à travailler pour les services spéciaux français.
Très engagé au service de la Légion, il devient président, en 1960, de la maison de retraite de la Légion à Casablanca. Responsabilité qu'il assurera jusqu'en 1972.
En 1972, il prend sa retraite à Perpignan. En 1978, il crée l'Amicale des Anciens de la Légion à Barcelone (Espagne). Il devient Président d'Honneur de la Délégation départementale de l'Amicale des Anciens de la Légion.
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Commandant Bernard, ta famille et tes amis s'inclinent respectueusement aujourd'hui sur ton cercueil recouvert du drapeau tricolore pour lequel tu t'es tant battu ! Tes frères d'armes te font une chaleureuse et virile " abrassos ", comme tu aimais toi même le faire à ceux qui t'étaient chers !
Adieu Marcel, que Dieu que tu as tant aimé et servi de ton vivant t'accueille à ses côtés. Tu l'as bien mérité.
Pr. AS