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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
LA MISSION BADEN-SAVOIE T.R. JEUNE (10)
 

par Elly ROUS

« Entrez Vite SERRA, je suis seul, ma femme et mon fils ont dû partir pour  Carcassonne ». Tandis qu'il refermait soigneusement la porte derrière nous et que momentanément je laissai mon vélo dans le couloir, nous descendions l'escalier qui mène à la cuisine au sous-sol. Installés devant deux bols de café chaud qu'il venait de servir, sans plus attendre, mon ami poursuivit : « si vous voulez bien, je vais vous expliquer dans quelles conditions et à la suite de quelles histoires invraisemblables ma femme et mon fils ont dû quitter Pamiers, tout ceci a été rapide, mais à présent, malgré les événements qui semblent se précipiter, tout va un peu mieux... » Je poussai un grand soupir de soulagement car dès ces premières paroles j'avais compris que rien d'irréparable ne s'était produit... « Oui, il faut que je vous raconte tout ce qui vient de se passer ici, heureusement sans dégâts... mais je ne sais par où commencer ».

 

Je profitai de cette hésitation pour prendre à mon tour la parole :« Attendez, j'ai l'impression que vous avez tellement de choses à me dire que nous allons tout mêler si nous ne procédons pas par ordre ». « Volontiers s'empressa de me répondre mon ami toujours conciliant »... En réalité, il me tardait de lui poser une question qui me brûlait les lèvres et sans attendre je l'interrogeai. « Avez-vous eu la visite de Toto ? » « Non, répondit-il, mais j'ai reçu il y quatre jours une personne qui s'est présentée de sa part et m'a remis ce mot urgent pour vous ; l'enveloppe est décachetée car JEAN en a pris connaissance à son passage, m'assurant que vous lui aviez donné toute latitude en ce sens ». « C'est tout à fait exact » lui dis-je en ouvrant à mon tour la lettre qu'il me tendait. Il s'agissait bien en effet d'un message en clair écrit de la propre main de VELLAUD dans lequel il s'excusait de ne pouvoir venir lui-même au rendez-vous tellement il était accaparé par une succession ininterrompue d'événements imprévus et sérieux. Il me félicitait des magnifiques résultats obtenus par l'équipe « Baden-Savoie », de la valeur des renseignements transmis, du fonctionnement exemplaire de nos émissions radios. Il me recommandait de redoubler de prudence et de ne pas hésiter en cas de péril extrême et si toutefois l'ennemi nous en laissait la possibilité, à repasser la frontière pour rechercher un abri momentané en Espagne. Il m'assurait qu'en attendant de venir lui-même nous apporter des subsides, Cid-Barcelone nous ferait bientôt parvenir un peu d'argent par CABALLÉ et OLIVIER. Il espérait nous rencontrer bientôt à un rendez-vous que je lui fixerais aux environs d'Agen ou de Condom par exemple par l'intermédiaire du « Cousin d'Aubenas » que JEAN allait rencontrer. Il me demandait enfin de tout mettre en oeuvre pour venir en aide à d'autres réseaux et aux camarades de nos services malheureux « en panne » ou perdus « dans la nature » qui s'adresseraient à nous ou dont nous apprendrions fortuitement la situation critique. Il terminait par ces mots tout à fait caractéristiques de sa bouillante personnalité « Courage, mon cher Rous, la victoire approche ; Cordialement à toute l'équipe ».

 

Je m'apercevais aussitôt que cette lecture venait d'avoir sur moi un triple retentissement. J'étais à la fois très heureux, mais en même temps déçu et inquiet. Heureux en premier lieu d'avoir des nouvelles du chef des T.R. Jeunes, mon ami VELLAUD, cette force de la nature dont j'appréciais particulièrement le dynamisme et la spontanéité. Déçu de ne pas l'avoir rencontré en personne et inquiet à la pensée qu'il fallait que les événements « sérieux » qu'il évoquait soient vraiment graves pour qu'il n'ait pu effectuer ce voyage. L'aide qu'il me demandait d'apporter à nos camarades en difficulté et qui d'ailleurs correspondait en tous points aux souhaits exprimés dans les télégrammes en provenance d'Alger du commandant PAILLOLE ne faisait qu'entériner le travail qui avait été fait depuis de longs mois déjà par Baden-Savoie, comme le démontrait amplement la teneur de nos messages radios et de nos courriers, ainsi que la multitude de services non comptabilisés rendus sur place chaque fois que nous en avions l'occasion.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 106

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