Par J.C. FIDEL

La révélation inhabituelle d’une tentative « d’approche » impliquant un service de renseignements d’un pays « ami », n’a pas manqué d’inspirer les thuriféraires du sensationnel à tout prix.

Les uns commentant l’événement avec gourmandise se sont efforcés d’y déceler de sordides manœuvres politiciennes, période électorale oblige, d’autres, se voulant les gardiens du temple ou les grands prêtres de la conservation du secret diplomatique ont crié à l’hérésie.

Certes, il n’est guère d’usage de porter ce genre d’affaire sur la place publique. La discrétion feutrée des chancelleries alliées ou les transactions sévères entre professionnels règlent plutôt les cas de cette espèce sous le boisseau, souvent avec profit.

Quelles que puissent être les raisons de cette divulgation, elle aura pour mérite, outre de souligner l’efficacité de nos services de sécurité, de contribuer peut-être à secouer l’apathie d’une opinion aussi prompte à ignorer souverainement le risque qu’à se montrer friande de romans d’espionnage, non sans critiquer sans merci ceux qui doivent l’en protéger.

Cette affaire illustre aussi l’universalité de la menace et démontre qu’en l’occurrence, comme dit la sagesse populaire: « il n’y a plus de copains». Elle marque la fin d’une époque où la bipolarisation du monde focalisait aisément les risques.

Naguère encore militaro-industrielle, émanant d’États apparemment soumis aux usages et obligations des conventions et traités, la menace quitte ce monde policé, sort des limites traditionnelles, s’attaque autant à l’économie qu’aux politiques intérieure et étrangère. Elle provient aussi d’organisations mafieuses à formes ou camouflages idéologiques voire religieux et à buts terroristes ou mercantiles.

Pour une fois le tapage médiatique aura, vraisemblablement à son corps défendant, servi la bonne cause, rejoignant ainsi les préoccupations et l’action de notre amicale dans la recherche et la défense de cette « sacrée vérité ».

A cet égard nous ne saurions nous contenter de rectifier les relations erronées, tendancieuses ou fallacieuses d’une histoire interprétée au gré ou selon les intérêts de pseudos historiens, ignares, manipulés, ou bien errant selon les modes ou le désir des princes.

Notre association manquerait à sa vocation, donc à son devoir si, à la lumière des enseignements du passé et forte de l’expérience de ses fondateurs, elle renonçait à éclairer et alerter nos compatriotes.

Telle est la tâche que se sont assignée nos aînés, acteurs et témoins de première grandeur. Telle est aussi la mission que remplissent leurs cadets qui, riches d’une connaissance autre, portent la bonne parole et témoignent de cette sacrée vérité.

Ce fut récemment une première, que de la porter aux élèves officiers de Coëtquidan, c’en est une autre de tisser des liens solides et confiants avec la D.G.S.E. sans relâcher la filiation ancienne qui nous attache à la D.P.S.D.

Éveiller nos contemporains, sensibiliser, autant que faire se peut, une opinion indifférente sinon incrédule, sont là vaste programme et noble ambition qu’il nous appartient de perpétuer, maintenir, assumer et transmettre.

Allant dans ce sens, il importe de rendre l’hommage qui se doit aux grands commis « approchés », non sans oublier qu’il y a peu, des dignitaires de la République, avaient vu leur passé de « porteurs de valises », récompensé par la remise quasi clandestine, de décorations étrangères; ils s’abstinrent toutefois, peut-être par pudeur, d’y donner la publicité qui d’habitude accompagne leurs faits et gestes.

Clemenceau, que l’on dit debout dans son tombeau, dut en choir!

Ce serait sans aucun doute faire injure aux membres de notre association, que d’insister en la matière, mais nous ne saurions omettre de rappeler que la confiance se mérite, se vérifie et le cas échéant se perd... définitivement.