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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
AVEC LA RESISTANCE HEROIQUE DU CAPITAINE ANDRE MERCIER (3)
 

Par le Colonel BERNARD 

En ce qui concerne le Capitaine Mercier, ce qui mérite une admiration sans réserve, c’est qu’en dépit des conditions particulièrement pénibles dans lesquelles il avait hérité son commandement, il n’ait, à aucun moment, envisagé d’interrompre sa mission, fut-ce pour quelques heures. Il eut, certes, la chance d’être guidé et soutenu par le plus expérimenté des professionnels mais il ne dut qu’à ses qualités propres de chef de maintenir la totalité des survivants de « Camélia » dans le « mouvement en avant » indispensable quand tout va mal. Pour estimer à leur juste valeur ce que furent la ténacité et la combativité de Mercier il suffit de constater que Verneuil, chef de guerre conscient de ses responsabilités, en fit, en pleine bataille, son Adjoint.

 

TROISIEME PARTIE ( suite et fin )

LA REPRESSION S’INTENSIFIE. MERCIER ARRETE

Après la crise de juin 1943, notre réseau retrouva une vie plus normale mais ce calme était tout relatif.  Il y eut encore 13 arrestations en juillet, 5 en août, 2 en septembre, 6 en octobre, 6 en novembre. 

Novembre est d’ailleurs à marquer d’une pierre noire car la fin du mois fut catastrophique.

A) Le Poste T.R./Jeunes de Marseille, trop optimiste sur son aptitude à manier des agents de pénétration, s’était fait  "doubler" par Max de Wilde, agent 912 du S.D., qui avait réussi à livrer à la Gestapo marseillaise le code radio du Poste. Or ce dernier était chargé d’accueillir les sous-marins venus d’Alger.

Les Allemands, lisant les T.O. du Poste décidèrent d’intercepter la liaison prévue pour la nuit du 26 au 27 novembre 1943. Ils comptaient bien couler le sous-marin, saisir les valises de courrier et capturer les 10 personnes qui devaient embarquer pour Alger cette nuit-là. (Parmi ces 10 personnes figurait Monique Giraud (16 ans), fille du Général Commandant en Chef, qui devait rejoindre son père à Alger après l’arrestation et la déportation d’une grande partie de sa famille.) 

Embuscade à proximité de la plage et baroud... dont le bilan est sévère:

— Alfasser tué.

— Le Capitaine de corvette Pothuau, candidat au départ capturé.

— Pierre Mortier, maquisard de l’équipe de protection capturé.

— L’embuscade allemande oblige à abandonner la liaison directe Alger côte provençale. Désormais la liaison maritime se fera entre Alger et la côte espagnole et sera suivie d’une traversée pédestre des Pyrénées.

Les deux seuls aspects positifs de cette aventure sont les suivants:

1) Le « Casabianca », prévenu à temps du traquenard dans lequel il risquait de tomber ne s’est pas présenté à la plage.

2) Les Allemands ont « raté » la capture de Mlle Giraud qui, grâce à T.R. finira par rejoindre son père en Algérie via l’Espagne.

 

B) Le 29 novembre 1943, le Capitaine de Bonneval, Chef du Poste « Rose » (Poste de Toulouse du T.R./Anciens) est arrêté en descendant du train à Perpignan.

Les deux cadres T.R. semblent avoir été reconnus dans le train et dénoncés à la Gestapo par un agent allemand dont le pseudo était « don Roberto » mais qui était, en réalité, un traître français.

C’est la troisième fois en deux mois que l’ex-T.R./117 devenu « Rose » perd son Chef.

L’année 1943 se termina fort mal pour nos quatre réseaux militaires implantés ou en cours d’implantation en Métropole

— Le T.R./Anciens du Commandant Roger Lafont.

— Le T.R./Jeunes du Capitaine Paul Vellaud.

— Le S.M./Précurseurs du Commandant Henri Navarre.

— Le Groupe Morhange de Marcel Taillandier.

Ces réseaux relevaient tous directement du Commandant Paul Paillole et faisaient partie de la Direction S.R./S.M. du Colonel Louis Rivet, c’est-à-dire, les anciens Services Spéciaux Militaires d’avant 1939.

En décembre 1943, cet ensemble de 4 réseaux enregistra 33 pertes (31 arrestations et 2 blessés non arrêtés), réparties comme suit:

  Arrestations Blessés
T.R./Anciens 16 2
T.R./Jeunes 6  
S.M./Précurseurs 8  
Groupe Morhange 1  

Nous évoquerons uniquement les 7 arrestations concernant « Camélia »:

— 3 de ces arrestations, opérées en fin de mois, n’ont rien à voir avec les activités du Capitaine Marcel André Mercier. Ce sont des séquelles de vieilles affaires relevant de l’ex-T.R./112.

— 4 arrestations concernant directement les activités du Capitaine Mercier.

Ce sont :

- 1) les arrestations à Paris, le 7 décembre 1943, de 2 sous-officiers chargés de remettre au Capitaine de Peich certaines valises de courrier récupérées après l’embuscade du 27 novembre contre le sous-marin.

- 2) les arrestations, en gare de Roanne, le 2 décembre 1943, du Capitaine Mercier, Chef de « Camélia » et de l’Adjudant André Aufranc, Chef de « Cyclamen » (antenne de Châteauroux). 

Les circonstances de ces arrestations ont été contées en détail par Pierre Nord dans le tome I de son ouvrage « Mes camarades sont morts » (pages 178 /191).

Ce récit, à la fois vivant et dans l’ensemble conforme à la vérité montre:

a) les imprudences des 2 agents de liaison arrêtés le 7 décembre à Paris.

b) la différence de comportement entre les hommes lorsqu’ils sont maltraités par la Gestapo

— Pissis (alias Lepape) conserve l’attitude d’un soldat digne de notre respect et de notre admiration.

— B... cède à la terreur devant la torture et devient un traître: Il accepte de guider les Gestapistes au prochain rendez-vous en gare de Roanne. C’est le drame : Lorsque son chef s’approche de lui, il ne fait aucun des gestes de « mise en garde » prévus par nos règles de sécurité.

 

Le Capitaine Mercier est arrêté sous les yeux de deux membres du réseau:

— le Commandant Roger Lafont alias Monsieur Verneuil, Chef de réseau

— le Lieutenant Alcide, Léon Thiry alias Dyna ou le Dynamiteur, 44 ans, un « ancien d’avant 1939 » spécialisé dans les sabotages et les actions violentes contre les postes et agents de l’ennemi.

 

C’est l’arrestation classique « à l’appeau ». Le seul détail à souligner est la durée exceptionnelle du silence gardé par Mercier sur sa véritable identité:

Nous demandions à nos hommes de garder le silence pendant 48 heures afin que la nouvelle de leur arrestation puisse être diffusée et que les camarades menacés puissent se mettre à l’abri.

Mercier ne révèlera son identité que le 7e jour. Six jours de Verstärke Vernehmung c’est sinistrement long ! !

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 163

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