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           prononcé à Nîmes le 21 mai 1993 
           ( Extrait ) 
           Par   le Général PICHOT-DUCLOS 
           La recherche de « Cette   	Sacrée Vérité » ne saurait exclure l’actualité et encore moins l’avenir. Ce   	titre se propose donc d’accueillir et de réunir les contributions traitant   	de nos préoccupations. 
           Après la description de   	l’organisation et des moyens de notre renseignement, je voudrais maintenant   	dans une dernière partie, vous exposer les tendances qui se dessinent et les   	problèmes qui restent à résoudre. 
             
            Tendances   	et problèmes actuels 
           La nécessaire réforme du   	Renseignement s’inscrit dans le bouleversement des données stratégiques de   	ces dernières années. 
           Avec la fin du Pacte de   	Varsovie qui mobilisait toutes nos forces nous devions revoir tout notre   	système de défense puisque l’adversaire est désormais partout et nulle part   	et la menace multiforme. Il faut donc repenser le dispositif et redéployer   	les moyens dans un contexte d’intervention tous azimuts et de technologie   	galopante sans oublier que l’homme reste la donnée essentielle du combat.   	Exemples de cette apparente contradiction :  
           A deux ans d’intervalle,   	la guerre du Golfe a montré ce que pourrait être la guerre de l’espace   	(puisqu’un Patriote interceptait un Scud sur signal donné par un satellite   	alerté par le dégagement thermique du départ du coup), ceci tandis que la   	guerre des Balkans nous démontre chaque jour qu’un SNIPER peut paralyser   	l’O.N.U. Et puis, avons-nous déjà oublié que personne — sauf le Colonel   	Garder dont je salue ici la mémoire et la perspicacité prémonitoire —   	n’avait prévu l’effondrement proche de l’Empire Soviétique, ni percé les   	intentions réelles de Saddam Hussein? ( Ndlr : Voir différentes analyses   	du Colonel Michel Garder publiées sur le site à la rubrique Géopolitique ) 
           Le Renseignement de   	demain dépend donc à la fois des ressources financières qui lui donneront   	les moyens techniques indispensables et de la qualité des hommes qui les   	serviront : il s’agit ici de l’homme de bon sens et de l’homme-ingénieur   	unis pour utiliser intelligemment les fantastiques possibilités de la   	technique. Telle est donc la première tendance lourde de l’époque. 
           La seconde tendance   	concerne la maîtrise de l’information elle-même dont l’abondance provoque la   	submersion des mémoires et la manipulation provoque la subversion des   	systèmes de référence. Ce n’est pas par hasard que les Britanniques, comme   	avant eux les Chinois, ont toujours associé la fonction « influence » à la   	fonction « Intelligence »  « Renseignement ». Aujourd’hui, ce n’est plus   	seulement nécessaire, c’est indispensable à toute puissance qui veut   	survivre et pour ce faire doit maîtriser l’information, source du   	Renseignement.  
           Quant aux problèmes qui   	demeurent, ils sont chez nous d’ordre essentiellement culturel : 
           — Nous nous disons   	cartésiens mais quel décideur civil ou miliaire accepte de subordonner ses   	intuitions — nécessairement géniales — aux humbles exercices de l’esprit que   	sont l’analyse minutieuse, la comparaison difficile, les choix déchirants et   	la synthèse pragmatique? 
           Pour balayer devant   	notre porte, quel chef accepte de faire sienne la vieille formule du Général   	Bradley, génial organisateur du débarquement et qui disait « Mon deuxième   	bureau me dit ce que je dois faire, mon quatrième bureau me dit ce que je   	peux faire et moi je dis à mon troisième bureau ce que je veux faire. »   	Nous sommes cartésiens, soit, soyons aussi bradlésiens. 
           — Nous sommes aussi un   	peuple bavard mais nous ignorons trop souvent les langues étrangères. Un   	effort serait bienvenu, en particulier en arabe et en turc. 
           — Nous sommes un peuple   	de soldats, mais nous négligeons de méditer nos échecs et préférons célébrer   	de glorieuses défaites plutôt que de réfléchir à leurs causes et nous dire    	«  plus jamais cela » en en conservant les enseignements.  
           Nous pourrions donc   	imaginer une fonction nouvelle qui serait celle de l’historien de la   	structure ou de l’Etat-major, que son rang comme sa compétence affranchirait   	des pesanteurs de la hiérarchie afin qu’il puisse dire : Cette solution ou   	cette absence de décision a déjà entraîné tel désastre... 
           Mais je rêve peut-être   	devant vous. 
           — Nous sommes un peuple   	prompt à la division : le Renseignement a besoin d’unité et de coordination.   	Ce problème n’est actuellement pas réglé dans le contexte politique. 
           — Il faudrait enfin que   	les décideurs, surtout les politiques, comprennent que la fonction du   	Renseignement est noble et que ses serviteurs ne sont les ennemis de   	personne, qu’ils sont seulement les humbles amis de la Vérité et qu’il faut   	leur donner les moyens de la faire jaillir. 
           C’est à ce prix qu’à la   	prochaine guerre du Golfe ou d’ailleurs, nous ne dépendrons plus du   	Renseignement des autres, fussent-ils nos alliés. 
           Je vous remercie de   	votre attention. 
            
          
              
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