logofb

 

 
 
line decor
Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
line decor
 

 


 
 
 

 
 
PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
DEUX HÉROS HONORES A TOULOUSE
 

L’A.A.S.S.D.N. et le Groupe Morhange ont tenu à associer à l’hommage rendu le 31 mai 1986 par la Ville de TOULOUSE à l’action résistante de deux de nos camarades les noms de Léon HAMARD et d’Alexandre ABADIE.

Ainsi ont été unis dans un même élan de gratitude le soldat de l’ombre issu de la police nationale et l’officier de gendarmerie, engagés tous les deux sans retour, dans la lutte contre l’occupant.  

Deux figures de héros qui symbolisent une même conception du devoir et dont l’esprit de sacrifice honore deux grands corps de l’État.  

RUE LEO-HAMARD ET SQUARE LIEUTENANT-COLONEL ABADIE C’est en présence de M. Dominique BAUDIS, maire de TOULOUSE et Président du Conseil Régional, de M. DIEBOLT, déporté et Maire adjoint, du Général EYRAUD commandant d’Armes, du Colonel AMET commandant la gendarmerie régionale, de M. CARRERE représentant le Préfet de Région et de nombreuses personnalités civiles et militaires que le Colonel PAILLOLE et André FONTèS ont tour à tour évoqué la mémoire de nos deux camarades disparus.  

Après avoir dévoilé, à 10 h 30, la plaque qui marque la rue Léo HAMARD, avec l’aide des pièces du héros-martyr, le Président du Groupe MORHANGE André FONTèS s’est exprimé en ces termes  

 

Par André FONTèS

... « Léon, Louis Lucien HAMARD, né le 28 novembre 1919 à Bar-le-Duc.  

En 1940, Léon HAMARD “ alias Léo “ quitte sa Lorraine natale pour TOULOUSE.  

En 1941, il est affecté comme jeune inspecteur de police à la 8° Brigade Mobile, rue du Rempart à SAINT-ÉTIENNE. Garçon intelligent, plein de fougue, un avenir brillant s’offrait à lui.  

Fin 1942, Léo entre dans les rangs de la Résistance et dès la création du Groupe Morhange il est l’un des premiers à joindre cette formation.  

Animé du plus pur esprit patriotique, toujours volontaire pour les missions les plus dangereuses, l’une d’elles, devait lui être fatale.  

Le 11 juillet 1944, accompagné de notre chef, le Commandant TAILLANDIER-Morhange, il tombe dans un piège, tendu par la gestapo.  

Le Commandant Morhange tente de s’échapper, il est abattu sur place. Léo HAMARD est capturé et conduit au siège de la gestapo. Il est torturé. Ses bourreaux tentent de lui arracher les secrets du groupe. En vain.  

Après une longue et atroce agonie, dont ma belle-mère, Mme SIMAN DIRAKIS enfermée dans une cellule voisine, témoignera de l’horreur.

Léo HAMARD est enterré vivant.

La mort l’arrache enfin à ses terribles souffrances. A ses nièces présentes à mes côtés, nous disons " soyez fières, votre oncle était un héros ".  

_____

A 11 h 30, c’est le square Lieutenant-colonel ABADIE qui est inauguré avec le même cérémonial.  

Les honneurs militaires sont rendus par un détachement de motocyclistes de la gendarmerie nationale et un détachement du 14° Régiment de Parachutistes.  

Mme Alexandre ABADIE est présente ainsi que deux de ses fils. C’est elle qui, très émue, avec l’aide du Colonel PAILLOLE dévoilera la plaque du square « Lieutenant-colonel ABADIE » tandis que M. Dominique BAUDIS en coupant le ruban tricolore ouvre l’accès au très beau jardin qui portera désormais le nom de notre camarade.  

Notre Président National avait évoqué le souvenir d’Alexandre ABADIE devant une assistance nombreuse et émue.

 

Par le Colonel Paul PAILLOLE

« C’est à un soldat exemplaire que nous rendons ici hommage, grâce à la Ville de TOULOUSE, grâce à vous Monsieur le Maire. Nous vous en sommes profondément reconnaissants.  

Ce qu’il y a d’exceptionnel dans l’existence du Lieutenant-colonel Alexandre ABADIE c’est la spontanéité et le désintéressement de son engagement au service de la France, engagement total dans les épreuves imposées à notre Pays, par l’occupation.  

Engagement total pour lui-même, pour les siens, pour ses collaborateurs qu’il rassure et entraîne.  

Lorsqu’en mars 1941, je fais ici sa connaissance, il est capitaine de gendarmerie et déjà lancé dans la lutte contre l’occupant : camouflage des armes, surveillance des conditions d’armistice, des organisations ennemies ou collaborationnistes, protection de la résistance naissante.  

Il devient pour nos réseaux de renseignements et de contre-espionnage clandestins une ressource inépuisable, allant de la recherche et de la transmission des renseignements jusqu’à l’hébergement de nos camarades compromis.  

L’occupation de la zone sud en novembre 1942, va étendre son action. C’est l’appui inconditionnel au Groupe Morhange y compris dans ses expéditions punitives contre la trahison.

 

C’est l’organisation des passages clandestins en Espagne, c’est l’aide aux évadés, aux réfugiés, aux patriotes recherchés.  

A cet engagement personnel, à celui de l’uniforme qu’il porte, s’est ajouté celui de sa famille.  

Son épouse s’est totalement identifiée à son oeuvre de résistance. C’est elle qui reçoit nos amis en mission, les ravitaille, les réconforte, assure les liaisons.

C’est elle qui ouvre son foyer dans la gendarmerie Saint-michel à Madame de LATTRE DE TASSIGNY et à son fils BERNARD. Tous deux sont traqués par la gestapo et sous la protection de l’uniforme d’ABADIE sont en route vers l’Afrique du Nord où, anxieux, les attend le Commandant en Chef.  

Cette cérémonie qui honore un officier dans ce rôle singulier et héroïque de Père tranquille. de la gendarmerie met à leur juste place les mérites d’une humble famille française qui sut discerner et faire son devoir avec courage et simplicité.

 

Elle montre aussi le vrai visage de la gendarmerie nationale toujours prête au sacrifice pour assurer ses plus nobles missions. »  

Madame la Maréchale de LATTRE avait tenu à s’associer à l’hommage rendu au Lieutenant-colonel ABADIE. Outre le télégramme adressé à notre Président National, elle avait remercié le Maire de Toulouse... « Votre décision comble mes voeux et me réjouit... »  

 

AU CERCLE MILITAIRE

A l’issue de ces deux émouvantes cérémonies un vin d’honneur a réuni au Cercle Militaire de la rue Lieutenant-colonel PELISSIER (autre héros de la Résistance) les personnalités qui avaient participé aux hommages rendus à nos camarades et les adhérents de l’A.A.S.S.D.N. de la région toulousaine auxquels s’était joint Elly ROUS délégué régional dans la région aquitaine.  

Avant de remettre les diplômes authentifiant les services rendus au Groupe Morhange, le Président FONTèS prenait à nouveau la parole pour remercier les présents et le Président National. Il ajoute :  

« Si nous avons organisé cette réunion à la suite des inaugurations de ce matin c’est pour honorer les services de police et de gendarmerie qui nous ont aidés durant cette période difficile de la clandestinité.  

La débâcle de 1940, vous le savez, fut causée par le manque de préparation de l’armée et le manque de matériel. Il est vrai que depuis 1936 des sirènes venues d’ailleurs clamaient à nos oreilles des slogans défaitistes.  

Nous entendons, à nouveau, les mêmes sur d’autres thèmes.  

Tandis qu’en face, de l’autre côté du Rhin, une armée moderne, entièrement mécanisée se préparait à l’assaut. Et le jour de l’attaque elle envahit notre pays malgré l’héroïsme de nos soldats qui se sacrifièrent.  

Les gouvernements responsables ouvrirent le parapluie et firent retomber la responsabilité de la défaite sur l’armée, qui, selon eux n’avait pas su se battre tandis que les Français ahuris regardaient défiler les blindés ennemis.  

La première stupeur passée, des hommes, militaires, civils, de tous les milieux, refusant cette défaite, peu à peu, sortirent de l’ombre et c’est ainsi que naquit la Résistance.  

Elle était certes, très vulnérable, car l’ennemi avait donné l’ordre de réprimer toute action de résistance.  

C’est alors qu’intervient l’aide de la police et de la gendarmerie. Quels étaient les commissariats ou les brigades qui ne connaissaient pas les patriotes ou les résistants de leur quartier ou de leur canton ?  

Imaginez l’hécatombe si policiers et gendarmes avaient exécuté les ordres reçus. Bien plus ces courageux policiers nous aidaient de leur mieux : renseignements de toutes sortes, sur l’occupant; fournitures de faux papiers, évasions de certains de nos camarades, s’il fallait tout énumérer ce serait très long...  

Comme nous, ils payèrent un lourd tribu. Ce matin nous avons rendu hommage à deux d’entre eux parmi les plus valeureux.  

Les jeunes générations doivent le savoir. On ne leur a jamais fait connaître la vérité, au contraire, on a discrédité l’armée, la police, la gendarmerie, tout ce qui était et reste aujourd’hui la sauvegarde d’une nation.

 

Lorsque, voici 40 ans, retentit le cessez-le-feu plus de 300 des nôtres manquaient à l’appel. 300 autres rentraient des camps nazis misérables et meurtris à jamais.  

Parce qu’il était écrit que leur sort nous serait épargné et que nous sommes encore là, restés fidèles à la foi et aux mêmes principes qui nous animaient...  

Parce que nous avons la légitime fierté d’avoir appartenu à une maison qui n’a jamais baissé les bras, même dans les heures les plus sombres et poursuivi la lutte jusqu’à la victoire.  

Parce que combattants de l’ombre, soldats sans uniforme, n’attendant ni compliments, ni secours, nous avions une règle, celle de l’efficacité et un soutien, la notion de notre devoir envers notre Patrie.  

Parce que nous n’avons rien renié et rien oublié, obligation nous est faite, à la mesure de nos forces et de nos moyens, et en raison même de notre passé, d’apporter notre participation à son prolongement.  

Il a fallu 5 années pour vaincre le nazisme par les armes. Une autre forme de nazisme, d’une autre couleur, est à nos portes et nous guette. Si nous n’y prenons pas garde nous connaîtrons des heures plus sombres encore et je le crains sans espoir de retour.  

Aux jeunes nous passons le flambeau. Que notre pays retrouve sa dignité, que les mots PATRIE et LIBERTE gardent toute leur profonde signification et que la FRANCE reste une réalité. »  

 

Cette allocution, écoutée avec attention est vigoureusement applaudie. A son tour le Colonel PAILLOLE exprimait la reconnaissance de I’A.A.S.S.D.N. à la Ville de TOULOUSE et tout particulièrement à M. le Député DIEBOLT maire adjoint qui avait su mener à leur terme les négociations pour l’octroi des noms de Léo HAMARD et Alexandre ABADIE à des voies communales.

Il s’associait à l’hommage rendu par FONTèS à la gendarmerie et à la police de la région de Toulouse.

 

Il soulignait tout particulièrement les mérites de la Surveillance du Territoire créée dès 1931 et développée sous l’impulsion du 2° Bureau en 1938 pour faire face aux entreprises de l’Abwehr.

 

Il rappelait le souvenir du Commissaire STELLET et surtout d’ARSAGUET qui fut pour les Services Spéciaux et le Groupe Morhange le plus dévoué des collaborateurs.  

Le Président National terminait son propos en évoquant une fois de plus la mémoire d’ABADIE et le désir de l’A.A.S.S.D.N. de voir une caserne de gendarmerie porter le nom de cet officier.  

Après avoir vivement remercié FONTES et son épouse de leur inlassable dévouement et de l’organisation si heureuse de cette journée, le Colonel PAILLOLE passait la parole à M. le Député DIEBOLT. Le Maire adjoint de TOULOUSE en termes simples et directs sut exprimer la reconnaissance de la Ville pour les Services Spéciaux et tout son plaisir de participer à cette manifestation.

Le Colonel AMET mit en évidence les difficultés de la mission de la gendarmerie tout particulièrement pendant l’occupation. Il exalte à son tour l’oeuvre accomplie par les Services Spéciaux et l’aide apportée par la gendarmerie en tout premier lieu par le Lieutenant-colonel ABADIE dont il souhaite que le nom soit donné à une caserne projetée à Toulouse.  

Il demande au Colonel PAILLOLE de joindre ses efforts aux siens en intervenant à PARIS auprès de la Direction de la Gendarmerie.

 

 

 

 
Haut de page
 

 

Article paru dans le Bulletin N° 131

Dépot légal - Copyright

Enregistrer pour lecture hors connexion.

Toute exploitation, de toute nature, sans accords préalables, pourra faire l'objet de poursuites.

Lire l'Article L. 122-4 du Code de la propriété intellectuelle. - Code non exclusif des autres Droits et dispositions légales....