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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
«LES SERVICES SPÉCIAUX FRANÇAIS » PENDANT LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE (2)
 

Par le Colonel ALLEMAND

( Conférence faite le 18 mai 1985 à Compiègne )

Doctrine et Procédés, générateurs d'une activité intense que le Colonel Nicolaï avait soulignée.

1) Dans un bilan quantitatif, d'après lui, durant les trois premières années de la guerre, 1785 personnes furent arrêtées en Allemagne pour port illégal d'uniforme (la plupart travaillant pour la France.)

- 384 faux officiers furent identifiés derrière les lignes.

- 500 personnes furent passées par les armes, dont la moitié était au service de notre pays.

- En 1918, 33 condamnations furent prononcées pour sabotages, dont 32 organisés par la France.

- Pour la seule année 1917, il y eut 1 000 arrestations et 177 condamnations à mort.

Ajoutons que les Suisses nous arrêtèrent plus de 200 agents et en condamnèrent 140 à la peine de prison.

 

2) Qualitativement

Les populations des pays occupés fournirent des patriotes volontaires dont Nicolaï disait : « Leur conduite fut héroïque, ils mouraient sans baisser les yeux en acclamant leur patrie. »

Les Alsaciens-Lorrains constituèrent la majorité des 400 personnes arrêtées pour activités en faveur de la France, pour les 3 années ayant précédé la guerre.

Sur un autre plan, à l'affirmation de Nicolaï sur l'importance de la trahison en France, on peut répondre qu'à la veille de 1914, le S.R. français avait dans sa manche un certain nombre d'officiers allemands qui le renseignaient et, parmi eux « LE VENGEUR », officier général qui, pour se venger de ses supérieurs, en 1904, lui livra le plan SCHLIEFEN et bien d'autres infor­mations jusqu'en 1913.

Signalons aussi le commissaire de police WAEGELE, attaché au G.Q.G.  allemand et qui, pendant toute la durée de la guerre, fournit des renseignements sur les intentions du haut commandement adverse.

Parmi les agents des services français, outre nos nationaux, des allemands, des membres hollandais, belges, suisses et luxembourgeois, dont certains policiers agissant par attachement idéologique à la France. Et parmi eux, l'abbé VORAGE, dont le rendement et la fidélité furent beaucoup appréciés par nos prédécesseurs.

 

Toutes ces activités avaient besoin de couvertures. Par exemple, l'usine d'horlogerie de BEVILLARD achetée par le Comte MOUGEOT, banquier et capitaine de dragons, la Maison CROZIER installée à ROTTERDAM, ayant une succursale à DUSSELDORF et inscrite sur la « liste noire alliée, » CROZIER homme d'affaires, s'identifiant avec le Lieutenant Pierre DESORANGES, chef de réseau, spécialiste du franchissement de la frontière hollandaise.

 

Rappelons aussi Edith CAVELL, directrice d'une école d'infirmières à BRUXELLES.

Pour acheminer leurs agents, les Services Spéciaux français, outre les territoires neutres (Hollande et Suisse surtout) à partir de 1915, vont utiliser des avions. Aussi, en 1916, les Allemands saisiront 6 avions et arrêteront 12 « espions » français ; en 1917, les aviateurs redoubleront d'audace et iront rechercher les agents déposés.

On utilisera aussi des ballons pouvant aller jusqu'à 600 km, ballons relativement petits, de 8,50 m de diamètre.

 

Pour la transmission des renseignements recueillis par les agents, on se servira de pigeons voyageurs.

Ces mêmes pigeons voyageurs seront utilisés pour le recueil du renseignement. On les enferme dans des paniers avec de la nourriture, des questionnaires et la façon d'y répondre. La population de la zone occupée répond en masse, ainsi, dans le seul mois de décembre 1917, les Allemands arrêteront 67 personnes : 41 en janvier 1918 ; 45 en mars.

Et on en vient à la radio à partir d'avril 1918. Des agents sont déposés derrière les lignes avec des appareils radio-émetteurs MARCONI, d'une portée de 50 km mais avec une antenne à manipulation délicate.

Autres moyens de transmission, message à l'encre sympathique ou inscrit sous les timbres ou sur les ficelles des colis, sans oublier les journaux contenant des messages conventionnels (exemple du LANDWIRTH, journal luxembourgeois expédié à une boîte aux lettres en Suisse).

La technique des papiers d'identité revêt alors une grande importance, notamment ceux sur les prisonniers et déserteurs allemands et utilisés, ensuite par nos agents. Mais les Allemands inventent une colle adhésive empêchant le décollage de la photographie du détenteur initial. Riposte des Français, dissolution de la première photographie et possibilité de fixateur de celle de l'agent, qui peut, ainsi, partir avec de vrais papiers d'identité allemands.

La sécurité des transmissions est augmentée par l'amélioration du chiffre qui s'accompagne, bien entendu, du perfectionnement des techniques de décryptement et de ses à côtés.

 

Le C.E. s'améliore aussi, non seulement sur le plan préventif et défensif, mais surtout dans le domaine offensif. Il « intoxique » le S.R. allemand dans la mesure du possible, sur les intentions de notre haut commandement, mais aussi quant aux résultats de l'activité des agents doubles que nous manipulons, notamment dans le domaine du sabotage (fictifs) qu'ils devaient effectuer chez nous (voir notamment les exploits de Paul ESMIOL relatés dans nos Bulletins sous le titre « Le Contre espionnage français à GENEVE ».)

Il intoxiquera d'ailleurs, de plus en plus, l'opinion allemande, en particulier par la « propagande aérienne », arme efficace de la guerre psychologique. Le 15 juillet 1918, une armée allemande engagée sur le front reçut 300 000 tracts où les Français annonçaient le sort qui attendait la patrie des soldats de cette armée.

Tous nos services spéciaux sont animés d'un moral inébranlable. Un esprit de corps est né, s'appuyant sur une solidarité et une allégresse intellectuelle mûs par un fanatisme raisonné et une confiance sans faille.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 128

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