Cependant que se tisse - grâce aux efforts de nos anciens chefs et d'un certain nombre de camarades - la toile aux multiples dessins de cette sacrée vérité », nos rangs s'éclaircissent inexorablement.

Ainsi avons-nous d'une part la réconfortante impression de remplir une des missions - probablement même la plus importante de notre Amicale et, d'autre part, découvrons-nous d'un Bulletin à l'autre les vides douloureux causés par le départ de tant des nôtres.

Et de ce fait, dans certaines délégations départementales en est-on arrivé - à juste titre - à s'interroger sur l'avenir de notre Association, en envisageant même l'hypothèse de sa disparition au décès du dernier membre actif ».

Cette interrogation se pose, bien entendu, également au niveau du Conseil d'Administration. Cependant, quelle que soit la décision qui sera prise finalement par une Assemblée Générale dûment convoquée à cet effet, une évidence s'impose à nous désormais, à savoir que le bilan des quelques trente années de l'AASSDN est largement positif.

Ce bilan fait que même l'hypothèse désabusée ci-dessus représente une forme aussi réelle de survie que toutes les autres. Car si le sacrifice de tant des nôtres a naguère largement contribué d'abord à sauver l'honneur national entre 1940 et 1942, ensuite à préparer de 1942 à 1944 la libération du sol de la patrie et enfin à assurer la victoire finale, les efforts conjugués du Président National et des membres de l'AASSDN ont permis de faire homologuer par l'historiographie officielle cette épopée qui risquait de sombrer dans l'oubli. Notre Mémorial de Ramatuelle, une série d'ouvrages avec en premier lieu ceux du Colonel Paillole et du Général Navarre, les traces indélébiles laissées à Paris et aux quatre coins du pays par nos inoubliables Congrès et les 115 numéros de notre Bulletin de liaison constituent un monument qui défie le temps.

Que notre survie soit assurée par une modification de nos statuts, la création d'une formule nouvelle avec l'appui des jeunes, la fusion avec la Fondation de France, une Association type Cincinnati ou la conservation du seul patrimoine, peu importe l'essentiel est déjà fait.

Le récent Congrès de Chamalières-Royat organisé - et avec quelle maîtrise - par l'un de nos grands anciens, M. Pierre MONDANEI, qui nous a donné en l'occurrence un magnifique exemple de foi, d'énergie, d'efficacité et de jeunesse la célébration à Ramatuelle du trente-septième anniversaire de la victoire et dont le mérite revient en premier lieu à notre ami Culas, les réunions régionales ou départementales de Besançon, de Coustouges ou de Cherbourg, mises sur pied par nos amis MENIE, Bernard et Michel, témoignent non seulement de la vitalité de notre Amicale, mais également de ce supplément d'âme qui la distingue d'autres associations d'anciens combattants.

Au moment où certains sondages font apparaître que seuls quelque 35% de jeunes Français envisagent éventuellement de défendre le territoire national contre un hypothétique envahisseur - et ce après, pour une bonne part, s'être désintéressés du sort de nos alliés d'outre-Rhin, la dernière des attitudes concevables serait la résignation ! Ce serait de plus un comble que nous, les anciens des services spéciaux, adoptions cette attitude. Nous qui n'avons pas accepté la défaite de 1940, nous n'allons tout de même pas baisser les bras devant l'accès de veulerie d'un important pourcentage de nos compatriotes !

Le trésor moral dont nous sommes les dépositaires, les responsabilités dont nous sommes investis de par le sacrifice de nos héros, font que même face à une majorité défaitiste nous ne pouvons qu'avoir raison.