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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
LE T.R. JEUNE AU TRAVAIL EN Z.O.
 

Notre camarade et ami Georges RIBOLLET relate ci-après un épisode caractéristique de l'action du T.R. Jeune. Ce faisant il rend un hommage mérité à ces français patriotes qui, sans ostentation, ont été à la base de la résistance.

par Georges RIBOLLET

Dans le cadre de l'aide qui fut apportée à nos camarades durant la clandestinité, par des personnes désintéressées et animées uniquement par leurs sentiments patriotiques et le sens de l'amitié, il y a le cas de Jean BERGER.

 

Lorsque j'ai été parachuté avec Pierre H. dans la nuit du 16 au 17 juillet 1943 à La Roche-Vineuse près de Ailly-Lamartine et Mâcon, nous amenions avec nous différentes choses dont des armes de poing, des munitions ainsi que du matériel radio de rechange. Les lampes émettrices étaient assez volumineuses.

 

Voulant confier ce matériel compromettant à quelqu'un de sûr je songeais a un cousin éloigné : Jean BERGER habitant Pommiers en Beaujolais et je lui rendis visite dès le lendemain.

 

Jean BERGER, surpris de me voir, donna spontanément son accord pour m'aider et accepter de cacher et garder les peu courants objets.

 

Dans la nuit du 14 au 15 août, je réceptionnais en compagnie de CHRISTIAN (Raymond DURRMAYER), René BOFFY et son opérateur radio, sur un terrain situé au Bouchaud (Le) dans le département de l'Allier à la presque limite de la Saône-et-Loire.

 

René BOFFY me demanda de lui garder quelque temps une arme de poing et des munitions correspondantes. Je les confiais à Jean BERGER.

 

En septembre suivant, toujours assisté de CHRISTIAN, nous avons réceptionné DEPEICH sur un terrain situé dans la région du Creusot. DEPEICH était seul mais amenait avec lui un assez grand nombre de pistolets-mitrailleurs Sten et les unités de feu correspondantes.

 

J'avais à ma disposition une camionnette gazo-bois et son chauffeur. Le véhicule était une vieille conduite intérieure Roland-Pilain transformée. Il m'avait été prêté par M. GIGNOUX, commandant de réserve de l'armée de l'air, officier de la Légion d'honneur au titre de la guerre 1914-1918.

M. GIGNOUX, très âgé, est toujours de ce monde, ancien conseiller général du Rhône, il est commandeur de la Légion d'honneur.

 

Nous avons pris la route, CHRISTIAN, le chauffeur et moi-même, après avoir camouflé sous des bâches armes et munitions destinées à LHEUREUX, chef du réseau T.R. Jeune « Joie » de la région du Nord. J'avais l'intention dans un premier temps de les confier à Jean BERGER.

 

A cette époque, la ligne de démarcation était assouplie depuis l'occupation de la zone libre par les Allemands en novembre 1942 mais des contrôles existaient toujours et il nous fallait franchir cette ligne. Peu avant sa hauteur nous avons été invités de loin par deux gendarmes allemands reconnaissables à la couleur verte particulière de leur uniforme et par le croissant métallique qu'ils portaient sur la poitrine, à nous arrêter. CHRISTIAN m'a dit : « on les descend ». « Oui, répondis-je, mais c'est moi qui donnerai le signal du tir » et je retirais le cran de sûreté de mon 6,35 placé dans la poche droite de mon pantalon.

 

Les deux gendarmes étaient ce que nos anciens de 1914-1918 auraient appelé des territoriaux en raison de leur âge.

 

Je dis au chauffeur de stopper. L'un des gendarmes me dit dans un français difficile mais compréhensible : « vous allez à Paray-le-Monial ? ». Oui, répondis-je. « On peut monter ? ». Volontiers. Et CHRISTIAN tendit la main aux gendarmes pour les aider à monter, tout en disant au premier : « Assieds­toi là tu sera mieux ici qu'en Russie ».

 

Et c'est ainsi que nous avons passé la ligne de démarcation avec deux gendarmes allemands assis sur nos armes et nos munitions.

 

Arrivés à Paray-le-Monial les gendarmes descendirent et celui qui parlait français dit : « On va boire un coup .».

 

J'invoquais poliment le reste du chemin à parcourir, l'impératif du couvre-feu et la lenteur de notre véhicule et nous poursuivions notre route sur Pommiers.

 

Les munitions et les armes furent déchargées dans la cave de la propriété de ma mère puis le chauffeur et CHRISTIAN gagnèrent Lyon.

 

J'allais immédiatement trouver Jean BERGER et lui confiais ce chargement compromettant sans retour. Je l'en débarrassais en plusieurs fois au cours du mois suivant et je transportais seul deux fois deux lourdes valises à Paris après des incidents aussi comiques que celui des deux gendarmes de Parav-le-Monial.

 

Je donnais rendez-vous à LHEUREUX et à BELLET, son adjoint, chez ma mère, dans le 15e arrondissement où ils vinrent prendre possession de la totalité du stock.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 112

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