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Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale ( France ) - www.aassdn.org -  
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PAGES D'HISTOIRE & " Sacrée vérité " - (sommaire)
CETTE " SACREE VÉRITÉ "
 

Le professeur belge Henri BERNARD, spécialiste d'histoire contemporaine vient de publier dans une revue bruxelloise une remarquable étude du livre d'Henri Amouroux : « La grande histoire des Français sous l'occupation. T. 3 : Les beaux jours des collabos, juin 1941-juin 1942 » (Laffont, 1978, 560 p.).

Nous en donnons ci-après quelques extraits, car ils rejoignent dans leurs conclusions ce que l'AASSDN n'a cessé de mettre en évidence.

 

par le Professeur Henri BERNARD

,.. « C'est avec un souci de vérité historique qu'Amouroux étudie les motivations de la collaboration qui fut multiforme à souhait.

... Qu'il y ait presque autant de formes de collaboration que de collaborationnistes, c'est assez évident, même si l'Histoire, qui simplifie tout et simplifie trop, appliquera comme un fer rouge le même mot au dénonciateur de juifs, au trafiquant de cuir, de cuivre ou de vin, à la femme amoureuse et à la femme achetée, au journaliste engagé depuis toujours dans un combat qu'il croit simplement poursuivre, au combattant en Russie, à ceux qui se félicitent trop bruyamment que leurs idées soient enfin au pouvoir comme à ceux qui, pour servir leurs intérêts, travaillent avec les nazis comme ils auraient travaillé avec n'importe quel occupant, assurés que l'argent permet de se refaire très vite une virginité patriotique...

... En bref, « collabo » est un terme général qui confond les « crapules » assez nombreuses il est vrai, les honnêtes dévoyés, et ceux qui ont trop longtemps fait confiance au maréchal...

... C'est une véritable collaboration militaire que le régime de PÉTAIN va mener, en mai 1941, lors de la révolte irakienne. L'amiral DARLAN, successeur de LAVAL comme vice-président du Conseil à Vichy, profite du moment où la situation de la Grande-Bretagne semble pire qu'en juillet 1940. Seule, désespérément seule, face à l'axe italo-allemand, gonflé de tous ses satellites européens, elle subit de dures épreuves en Méditerranée, en Crète, en Libye, en Irak, avec la permanente menace japonaise en Extrême-Orient.

Le 6 mai, DARLAN signe une convention au terme de laquelle : est concédée aux forces du Reich l'utilisation des bases aériennes françaises du Levant ; est octroyé à l'armée de l'Air allemande un point d'appui au nord de la Syrie ; est prévue « la transmission de tous les renseignements recueillis sur les forces britanniques à charge de réciprocité » (1) . Le 28 mai 1941, le protocole de Paris est conclu entre DARLAN et WARLIMONT. La convention du 6 mai relative à la Syrie y est reproduite en première partie ; elle sera bientôt sans objet, car les Britanniques ont maté l'insurrection irakienne et seront maîtres de la Syrie un mois plus tard. Mais une deuxième partie prévoit la mise à la disposition des italo-allemands de la base de Bizerte et de la voie ferrée Bizerte-Gabès pour le ravitaillement des forces de l'Axe opérant en direction de l'Égypte ; et « comme il faut s'attendre à des réactions anglaises, un général français, un millier d'officiers et 7.000 spécialistes prisonniers, seront libérés en vue d'encadrer l'armée qui fera face à ces représailles ». La troisième partie du document prévoit la mise à la disposition des Allemands de la base de Dakar et le « rétablissement de la souveraineté française dans les colonies occupées par les gaullistes ».

 

Weygand, délégué général du gouvernement de Vichy pour l’Afrique française réussira à freiner l'utilisation du port de Bizerte. Néanmoins, les forces italo-allemandes d'Afrique continueront à être ravitaillées par la Tunisie en camions, essence, vivres et légumes verts. Les renseignements sur les forces armées britanniques seront communiqués en dépit de l'opposition de Weygand.

.. Enfin, signalons une erreur qui est sans doute une coquille. L'auteur, p. 538, cite le chiffre de 5.000 avions à la disposition de la Luftwaffe, le 22 juin 1941, pour l'offensive initiale contre l'Union Soviétique. Coquille, nous le pensons, car p. 223, il touche la réalité de plus près en mentionnant 2.900 avions. En réalité, ce 22 juin, les armées de l'Axe ne disposent, pour le front de l'Est, que de 2.740 avions dont 1.918 « einsatzbereit ». Ainsi Hitler commence-t-il sa campagne de l'Est avec moins d'appareils qu'au mois de mai 1940 en Occident alors que le front et la profondeur sont infiniment plus vastes en Russie. Les conséquences de la bataille d'Angleterre se font lourdement sentir.

Trop d'auteurs en sont encore aujourd'hui à parler des « tournants » d’El Alamein-Tunis et de Stalingrad, sans se rendre compte que si la R.A.F. – et donc la Grande-Bretagne - avait été vaincue en juillet-novembre 1940, il n’y aurait jamais eu l'El Alamein et de Stalingrad. Si la Luftwaffe - d'après les constatations britanniques - a perdu 1. 818 avions tombés en Grande-Bretagne, du 10 juillet à la mi-novembre 1940, ses pertes, en Occident, du 1er août 1940 au 31 mars 1941, sont de 4.383 appareils y compris ceux qui furent endommagés à plus de 10 %, donc éliminés pour la bataille. Entre ces deux dates, les forces aériennes du Reich ont eu 3.363 tués, 2.117 blessés, 2.641 prisonniers et disparus. Ces pertes en personnel hautement qualifié, sont une lourde hypothèque pour l'avenir.

... En juin 1942, quand prend fin le troisième volume, la Résistance est simplement ébauchée. Pour la plupart des Français « la faim éclipse les autres problèmes ». Mais la France « s'est sensiblement transformée en profondeur ». Si les véritables résistants ne sont encore qu'une poignée, ils n’en forment pas moins le levain dans la pâte. L'appel de CHURCHILL se réalise, celui qu'il lançait lors du poignant discours qu'il prononçait, dans son français savoureux, en plein « Blitz », le 21 octobre 1940, à l'intention du peuple de France et qui se terminait par ces mots, prononcés d'une voix douce et chaude : « Allons, bonsoir, dormez bien. Réservez vos forces pour l'aube. Car l'aube viendra ».

 

(1) Voir « Services Spéciaux 1935-1945 », P. PAILLOLE, éditions Robert Laffont, Collection « Vécue », pages 380 et suivantes.

 

 

 

 
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Article paru dans le Bulletin N° 105

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